Haïdara Mohamed Ibrahim
Haïdara Mohamed Ibrahim
June 6, 2025 at 07:07 PM
Enseignants contractuels du Niger : pour la justice sociale et l’unité nationale L’enseignement est un noble service public, un acte de foi républicaine inscrit au cœur de notre Nation. Les enseignants bâtissent l’avenir du Niger en formant chaque jeune citoyen : c’est pourquoi « le métier de l’enseignant est un pilier central dans le développement des sociétés, car il contribue à la formation des générations futures et à l’épanouissement de la connaissance ». Au-delà d’un simple travail, enseigner au Niger est un engagement national, un dévouement au service de tous les enfants. Chaque matin, ces hommes et ces femmes portent le drapeau de notre École publique dans les villages, les hameaux et les quartiers de la capitale. Ils incarnent les valeurs républicaines de l’égalité et de la solidarité. Pourtant, ceux que l’on appelle « enseignants contractuels » vivent l’inverse de cet idéal. Aujourd’hui, plus de 70 000 enseignants contractuels exercent au Niger – soit plus du double des enseignants titulaires (33 808) selon les dernières données du ministère de l’Éducation nationale. Ils sont en première ligne pour instruire des générations entières, souvent dans des zones rurales ou difficiles d’accès. Et pourtant, leur rôle est paradoxalement méconnu et méprisé. La société les regarde parfois comme des « pauvres »: « Quand on dit qu’un enseignant est contractuel, on voit tout de suite un pauvre ». Cette perception sociale cruelle occulte l’immense contribution de ces enseignants au développement du pays. Ce sont pourtant eux qui, dans les classes sous-équipées et face à tous les défis (rapts, insécurité, manque de matériel), continuent de faire vivre l’école publique nigérienne. Le courage des contractuels est la preuve que l’épanouissement scolaire des enfants nigériens reste possible, même dans la difficulté. La situation des enseignants contractuels est d’une précarité injuste et systémique. Ils perçoivent des pécules dérisoires, bien inférieurs à ceux de leurs collègues fonctionnaires, sans aucune perspective de carrière. Le statut même d’enseignant contractuel les place dans une insécurité permanente : contrat renouvelable au jour le jour, absence de sécurité sociale ou de retraite garantie. La contractualisation forcée a ainsi créé un malaise profond – une véritable « tragédie nationale » comme le note une étude sociologique : les contractuels en viennent à être « clochardisés par un faible pouvoir d’achat et l’absence de perspective d’avenir ». Comment peut-on demander à ces enseignants de transmettre confiance et espoir alors qu’eux-mêmes n’ont ni stabilité ni dignité professionnelle ? Cette inégalité flagrante entre enseignants détruit la cohésion scolaire et le moral de ceux qui ont choisi de servir la Nation à la craie. Il est urgent de dénoncer cette situation intolérable : l’école publique nigérienne ne peut être forte que si tous ses acteurs – maîtres, élèves et familles – se sentent respectés et valorisés. Face à cette injustice, les enseignants contractuels, leurs syndicats et les citoyens solidaires formulent des revendications claires et légitimes. Ils réclament en premier lieu l’intégration directe dans la Fonction publique sans concours: après des années de service, ces enseignants méritent d’être titularisés en tant que fonctionnaires, selon le plan déjà prévu par l’État. Les représentants syndicaux ont rappelé qu’une enveloppe budgétaire de plus de 17 milliards de francs CFA était inscrite dans la loi de finances 2024 pour assurer cette titularisation sans concours, engagement qui demeure aujourd’hui lettre morte. Elle exige aussi la révision du statut de tous les enseignants : cela implique des carrières claires, des augmentations de salaire équitables et l’affiliation pleine et entière au système de sécurité sociale. Enfin, ces hommes et ces femmes appellent à un dialogue sincère avec le gouvernement et l’administration scolaire : un véritable échange où règnent le respect mutuel et la confiance, sans mépris ni improvisation. Ces exigences peuvent se résumer ainsi : 1. Intégration sans concours dans la fonction publique des milliers d’enseignants contractuels, afin de reconnaître pleinement leur engagement. 2. Révision globale du statut des enseignants (contractuels et titulaires) pour garantir dignité, carrières, salaires et protection sociale équitables. 3. Dialogue social ouvert et respectueux, sans menaces ni gesticulations, permettant de construire ensemble les réformes nécessaires au bénéfice de tous. Ces demandes sont simples mais fondamentales pour rétablir la justice sociale à l’école. Elles répondent non seulement aux droits des enseignants contractuels, mais à l’intérêt de tout le système éducatif nigérien. L’éducation est en effet un projet de toute la Nation. L’école publique est un pilier de la République nigérienne, un lieu où se forment les citoyennes et citoyens de demain dans l’égalité des chances. C’est dans les salles de classe que se forge l’unité nationale, car tous nos enfants – filles et garçons, de toutes régions et confessions – y apprennent à vivre ensemble. Pour que cette école soit forte et unificatrice, chaque Nigérien doit se sentir concerné et mobilisé. C’est pourquoi nous appelons enseignants, élèves, parents d’élèves, autorités locales, médias et simples citoyens à se rassembler autour de cette cause commune. Défendre les enseignants contractuels, c’est défendre l’avenir de nos enfants et le progrès de notre pays. Refusons collectivement que la peur de manquer de moyens ou de droit divise l’école et la société. Exigeons ensemble du gouvernement qu’il tienne ses promesses et prenne des mesures concrètes : l’avenir du Niger en dépend. Lorsque la Nation sera unie pour son école, les voix de nos enseignants contractuels porteront bien plus loin que la simple exigence de droits : elles résonneront comme un appel au progrès, à la solidarité et au respect mutuel pour tous. En cette période cruciale, restons solidaires et vigilants, confiants en nos valeurs. L’école a besoin de nous tous. Mobilisons-nous avec chaleur et détermination pour la dignité des enseignants contractuels, pour la justice sociale dans l’éducation et pour l’unité nationale autour de notre École publique. Seulement ainsi pourrons-nous offrir à chaque enfant nigérien l’éducation qu’il mérite – et affirmer notre foi, à travers eux, en l’avenir de la République. Haidara Mohamed Ibrahim Enseignant contractuel CEG DIAMBALA SG BED UECN TILLABERI
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