Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
June 12, 2025 at 07:47 PM
AFRICOM et AFRICA CORPS : Deux faces d’une même pièce D’un côté, AFRICOM (le Commandement des États-Unis pour l’Afrique), bien implanté à travers des bases, des coopérations sécuritaires et une présence "discrète" . De l’autre, Africa Corps, successeur de Wagner, bras armé du Kremlin pour maintenir son influence dans les régimes militaires d’Afrique de l’Ouest. Deux puissances, deux méthodes, mais un même mépris pour les causes profondes du chaos sahélien. Car que font réellement ces forces étrangères ? Elles entretiennent une illusion sécuritaire, fournissent des formations, vendent des armes, installent des bases, sécurisent des zones minières stratégiques, mais ne s’attaquent jamais aux causes politiques de la rébellion ni aux injustices sociales qui alimentent les groupes armés. Le terrorisme prospère là où l’État est absent ou perçu comme une force d’occupation : Nord-Mali, Tillabéri, Sahel burkinabè... Les populations y vivent dans une marginalisation chronique, sans justice, sans routes, sans école, souvent brutalisées par les forces censées les "protéger". Les djihadistes arrivent alors en concurrents de l’État : ils rendent une justice rapide (même cruelle), protègent parfois les éleveurs contre les rackets des forces régulières ou des milices, instaurent un ordre là où règne l’abandon. Que fait AFRICOM contre ça ? Que fait Africa Corps contre l’impunité des armées nationales ? L’économie du terrorisme repose sur l’orpaillage illégal, les trafics de carburant, d’armes, de drogues et même de bétail. Or ces circuits parallèles existent parce que l’économie légale ne fonctionne pas, ou est accaparée par les élites urbaines. Là encore, Africom comme Africa Corps protègent les États et leurs clientèles, mais jamais les bergers peuls rackettés, les orpailleurs exploités ou les petits commerçants ruinés par l’insécurité. On maintient les circuits de rente, on militarise les zones d’extraction, mais on ne développe jamais les zones rurales pauvres. Il ne faut pas être naïf : le terrorisme est un alibi politique. Il justifie les régimes militaires au pouvoir, il justifie la suspension des constitutions, il permet de détourner des budgets astronomiques pour l’armement. Ni Washington, ni Moscou ne s’en plaignent. Ils vendent leurs armes, installent leurs bases, verrouillent leurs alliances. Et pendant ce temps, le paysan dogon ou le jeune touareg ne voit ni paix, ni avenir, ni justice. Seulement des drones dans le ciel, des discours à Bamako ou à Ouagadougou, et toujours plus de morts dans les villages oubliés. AFRICOM ou AFRICA CORPS ? C’est comme choisir entre Coca-Cola et Vodka : aucun ne vous désaltère si vous êtes assoiffé de souveraineté, de dignité ou de développement. Tant que les États sahéliens confieront leur sécurité à des puissances étrangères et continueront d’ignorer les réalités sociales de leurs périphéries, la guerre contre le terrorisme ne sera qu’un théâtre sanglant, une guerre sans fin, alimentée par le mensonge et la lâcheté.
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