Alioune NDIAYE Écrivain
June 12, 2025 at 08:58 PM
Les chroniques de la participation citoyenne (155) Refonder le Sénégal : un travail patient, éthique et collectif Il y a des urgences qui ne se crient pas, mais qui s’imposent avec la force tranquille des évidences. La refondation du Sénégal en fait partie. Elle n’est ni un mot à la mode, ni un slogan de campagne. C’est une exigence historique face à un modèle à bout de souffle, à une société qui doute d’elle-même, et à une jeunesse qui ne croit plus aux récits institutionnels. Nous avons trop souvent attendu la refondation d’en haut, comme un décret venu du sommet de l’État, comme si une volonté politique, à elle seule, pouvait réenchanter la République. C’est une erreur de perspective. La refondation ne se décrète pas. Elle se construit, patiemment, dans la durée, et surtout dans la profondeur. Elle se construit par les citoyens, lorsqu’ils refusent la résignation, s’approprient les débats, exigent de l’éthique dans la gouvernance et prennent part à la chose publique, non par protestation seulement, mais par proposition. Elle se construit par les institutions, quand elles acceptent de se réformer de l’intérieur, d’assumer leur devoir d’exemplarité, et de rétablir la primauté du droit, de la justice sociale et de la redevabilité. Elle se construit par les intellectuels et les penseurs, qui ont le devoir de sortir des silences prudents, d’éclairer les transitions à l’œuvre, et d’accompagner l’éveil des consciences avec rigueur, lucidité et enracinement. Elle se construit par les entrepreneurs et les producteurs, qui osent l’innovation utile, la responsabilité partagée et l’investissement dans les territoires oubliés. Elle se construit enfin par les communautés locales et la diaspora, gardiennes d’une mémoire vivante et porteuses d’alternatives fertiles, à condition qu’on les considère non comme des périphéries, mais comme des cœurs battants du projet national. Refonder le Sénégal, c’est choisir un projet de société articulé autour de la dignité humaine, de la solidarité agissante, de la justice réparatrice, et de la souveraineté éclairée. C’est rompre avec la gestion à courte vue, l’entre-soi élitiste, et les logiques clientélistes. C’est refuser que le futur se décide sans ceux qui le vivront. Plus encore, refonder, c’est réapprendre à croire ensemble, à faire communauté au-delà des fractures. Cela suppose une volonté politique forte, certes, mais surtout une volonté citoyenne. Car aucune réforme durable n’est possible sans une appropriation collective de ses finalités. La plus grande richesse du Sénégal, ce sont ses hommes et ses femmes. Non pas dans l’abstrait, mais dans leur capacité réelle à créer, éduquer, débattre, transformer. Cette énergie silencieuse ne demande qu’à être écoutée, libérée, et valorisée. Refonder, ce n’est donc pas recommencer à zéro. C’est repartir de l’essentiel. Et l’essentiel, aujourd’hui, c’est de redonner sens à l’idée de nation. Non pas une nation figée dans le passé ou dans des appartenances closes, mais une nation ouverte, digne, inclusive, consciente de ses responsabilités locales comme globales. Ce travail de refondation est long. Il sera exigeant. Mais il est irréversible, parce qu’il est nécessaire. Alioune Ndiaye Expert en développement international Écrivain Militant de la Transformation Nationale
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