Alioune NDIAYE Écrivain
June 12, 2025 at 08:58 PM
Les Chroniques de la participation citoyenne ( 170) *Le Triomphe Silencieux de la Médiocratie : Une Urgence Nationale* Depuis quelques années, un phénomène insidieux gagne du terrain au Sénégal : la montée en puissance d’une médiocratie organisée, rampante, mais d'une efficacité redoutable. Ce n’est pas une simple critique d’un système de gouvernance ou d’un régime politique ; c’est le constat douloureux d’une transformation sociale en profondeur, presque imperceptible, mais lourde de conséquences. Quand l’excellence devient suspecte Autrefois, le savoir, l’effort, la rigueur intellectuelle et la maîtrise technique étaient des valeurs cardinales dans notre société. On respectait les maîtres d’école, on écoutait les érudits, on s’inspirait des bâtisseurs silencieux. Aujourd’hui, c’est le verbe creux qui domine, la notoriété vide qui fascine, la facilité qui séduit. L’excellence est devenue suspecte. La rigueur, perçue comme de l’arrogance. Et l’intégrité ? Un luxe inutile dans un monde pressé de réussir, coûte que coûte. Une inclination collective préoccupante Il ne s’agit pas d’un simple changement de priorités, mais d’un renversement complet de nos repères sociaux. Dans nos écoles, nos médias, nos quartiers, nos cercles d’influence, le mérite n’est plus célébré. Il gêne. Il dérange. Il n’inspire plus. Le paraître a pris le pas sur l’être. L’image sur la substance. Le court terme sur la profondeur. Cette mutation ne fait pas de bruit, mais elle produit ses effets : les vrais travailleurs, les esprits lucides, les artisans du détail sont marginalisés. On ne les consulte plus. On ne les cite plus. Ils deviennent des témoins silencieux d’un monde qui les oublie. La médiocratie s’organise Le plus alarmant, c’est que cette médiocrité ne se contente pas de s’imposer, elle s’auto-entretient. Elle promeut ses figures, protège ses intérêts, impose ses normes. Elle transforme les lieux de savoir en vitrines de paraître, les débats publics en concours de vacarme, et les métiers nobles en tremplins vers la reconnaissance sociale, non vers l’utilité collective. Les conséquences sont graves : nous construisons, lentement mais sûrement, une société bruyante mais vide, où les figures dominantes sont sans fond, et les réussites sans consistance. Un sursaut est encore possible Ce diagnostic n’est pas un cri de désespoir. C’est un appel à la lucidité et à la responsabilité. Car la situation n’est pas irréversible. Le remède n’est pas dans les slogans ou les discours tapageurs, mais dans une révolution silencieuse : celle de l’exemple, du travail bien fait, du goût retrouvé pour la vérité et la justesse. Il nous faut réhabiliter le mérite, encourager la rigueur, célébrer l’intelligence appliquée. Il nous faut redonner une place centrale aux bâtisseurs de l’ombre, aux éducateurs exigeants, aux penseurs exigeants. Il nous faut refaire de l’effort une vertu, et de la compétence une exigence collective. Car une nation ne s’effondre jamais brutalement. Elle s’affaisse, lentement, quand elle cesse de reconnaître ceux qui, par leur courage discret et leur engagement profond, pourraient l’élever. Alioune Cheikh Anta Sankara Ndiaye Expert en développement international Ecrivain Militant de la Transformation Nationale
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