*LA BOUSSOLE SCIENTIFIQUE DE L’EUROPE : LE PROGRAMME DE TRAVAIL 2025-2027 DU JRC FAÇONNE LA POLITIQUE DE L’UNION* Au cœur d’un continent chahuté par les ruptures technologiques, les reconfigurations géopolitiques et l’urgence climatique, la Commission a adopté, le 19 mai 2025, le nouveau programme de travail du Centre commun de recherche (JRC). Derrière la sobriété administrative de ce texte s’esquisse une véritable œuvre d’ingénierie intellectuelle : pendant trois ans, 2 000 scientifiques, disséminés entre Ispra, Geel ou Séville, fourniront l’évidence qui oriente chaque boussole politique de Bruxelles. Dans cette architecture, trois piliers – anticipation, intégration, impact – guident les 25 portefeuilles de recherche appelés à irriguer l’ensemble du cycle décisionnel européen, de la première intuition stratégique jusqu’à l’évaluation des résultats sur le terrain. *LE JRC, LABORATOIRE DE PROSPÉRITÉ ET DE RÉSILIENCE* Le programme s’inscrit dans la continuité de la nouvelle feuille de route de la Commission : compétitivité durable, Europe de la défense, souveraineté numérique et transition propre. À travers ses portefeuilles « Intelligence artificielle et données », « Technologies stratégiques », « Énergie et climat », ou encore « Résilience sociétale », le JRC transforme les laboratoires en vigies capables de détecter les frémissements d’un marché du quantum, de décortiquer l’empreinte carbone d’un matériau biosourcé ou de cartographier les failles cyber d’une PME. Chaque étude, chaque modèle prédictif, chaque indicateur nourrit un dialogue permanent avec les directions générales – des affaires climatiques à la politique commerciale – afin d’ancrer la norme européenne dans le granit de la méthode scientifique. *ANTICIPER L’INCONNU POUR MAÎTRISER LE RÉEL* Anticiper : tel est l’art de voir l’orage avant qu’il ne gronde. Les équipes « Foresight et innovation » scrutent les ruptures – petit réacteur modulaire, antibiotique d’avant-garde ou puce neuromorphique – pour avertir les législateurs avant que le vide réglementaire ne s’élargisse. Elles modélisent également les chocs extrêmes : séismes de la désinformation, sécheresses agricoles, chaînes d’approvisionnement fracturées. Chaque scénario donne aux commissaires le temps d’ériger des digues, plutôt que des palliatifs. *INTÉGRER LES SAVOIRS POUR DÉCLIVER LES SILOS* Intégrer : c’est marier l’analyse économique, l’expertise nucléaire et l’éthique numérique dans un même faisceau. En créant des ponts transversaux – entre l’« IA fiable » et la « cybersécurité », entre la « zéro pollution » et la « biodiversité » – le JRC dynamite les cloisonnements disciplinaires. Ainsi, les chercheurs en matériaux circulaires collaborent avec les juristes des aides d’État pour bâtir des régimes d’incitation compatibles avec la compétitivité ; les climatologues échangent leurs données satellitaires avec les démographes afin de prévoir les migrations climatiques et d’orienter les fonds de cohésion. *MESURER L’IMPACT, L’EUROPE SOUS LA LOUPE* Impact : lorsque la législation quitte l’antichambre bruxelloise, le JRC suit sa trajectoire. Il calcule le surcroît de productivité né d’une norme d’écoconception, quantifie les gigatonnes de CO₂ évitées grâce au méthane réglementé, évalue les effets territoriaux d’un corridor ferroviaire hydrogène. L’instrument ESSI, développé à Séville, cartographie en temps réel les écarts régionaux et nourrit l’ajustement des politiques. Dans la nouvelle période, l’accent sera mis sur les indicateurs de compétitivité, la robustesse des chaînes d’approvisionnement et la santé publique, désormais intégrée au portefeuille « Transition propre ». *UNE CARTOGRAPHIE DES SAVOIRS AU SERVICE DES PRIORITÉS POLITIQUES* Vingt-cinq portefeuilles, sept priorités : derrière le kaléidoscope thématique se lit une logique d’alignement. L’hydrogène bas-carbone et le stockage longue durée irriguent le Pacte industriel propre ; l’Intelligence artificielle fiable, la cybersécurité et le calcul haute performance soutiennent la stratégie de compétitivité numérique ; les travaux sur les demi-dérives nucléaires et les réacteurs modulaires servent la souveraineté énergétique ; enfin, l’unité « Espace, sécurité, défense » fournit imagerie, cryptographie quantique et normalisation des drones, pilier d’une Europe stratégique. *CONCLUSION* En adoptant le programme de travail 2025-2027 du JRC, la Commission fait plus que financer la recherche : elle met en scène une alliance intime entre laboratoire et législateur. Face à un monde qui s’accélère, l’Europe réaffirme qu’aucune décision majeure – qu’il s’agisse de bâtir un réseau 6G, de taxer l’acier carboné ou de prévenir la prochaine pandémie – ne sera prise sans un socle de preuves, de données et de modèles partagés. Entre anticipation des risques, intégration des disciplines et mesure de l’impact, le JRC devient ainsi la matrice où se forgent la solidité, la cohérence et la crédibilité des politiques européennes de demain. Lien vers les portefeuilles de recherche : https://joint-research-centre.ec.europa.eu/jrc-news-and-updates/commission-adopts-jrc-work-programme-2025-27-2025-05-19_en #jrc #scienceforpolicy #rechercheue #compétitivité #transitionpropre #euroscope https://buymeacoffee.com/euroscope