*INFRASTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES STRATÉGIQUES : ACER DRESSE LE BILAN DES PIC ET PIM* En dévoilant, le 16 mai 2025, son premier tableau de bord interactif consacré aux Projets d’infrastructure d’intérêt commun (PIC) et aux Projets d’intérêt mutuel (PIM), l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) invite l’Europe à contempler l’avancée d’un chantier de 130 maillons essentiels à la transition énergétique. L’exercice, placé sous l’égide du règlement révisé « RTE-E », fait apparaître une impulsion vigoureuse, mais aussi l’ombre persistante des lenteurs administratives : 4,3 années, en moyenne, pour franchir la seule porte des autorisations. *LE TABLEAU GÉNÉRAL DES 130 PROJETS* La nouvelle liste 2024 des PIC et PIM, première à intégrer les infrastructures hydrogène et CO₂ aux côtés des lignes électriques et des gazoducs, se répartit en quatre grandes familles : électricité, hydrogène, gaz décarboné et captage-stockage du carbone. Selon ACER, près de trois quarts des projets en sont déjà aux phases d’ingénierie détaillée ou de construction, tandis que les études préliminaires et les levées de fonds se raréfient, signe d’un passage à la maturité industrielle. *ÉLECTRICITÉ : UNE AVANCE CONFIRMÉE* Malgré les « retards programmés » redoutés il y a encore deux ans, 72 % des projets électriques devraient bel et bien entrer en service avant 2030. Un tiers, toutefois, a dû réviser son calendrier, principalement pour des raisons de génie civil ou de disponibilité d’équipements à haute tension. L’essentiel de la vague concerne les interconnexions transfrontalières et les corridors continentaux à courant continu, garants d’un marché intérieur plus fluide et d’une meilleure intégration des renouvelables variables. . *HYDROGÈNE : DES CHANTS NAISSANTS PROMETTEURS* Sur 34 initiatives hydrogène, 33 avancent selon la route fixée ; plus de 90 % affichent désormais 2030 comme horizon de mise en service. La plupart demeurent en phase de conception, mais la dynamique est portée par la hausse du nombre de contrats d’acheteurs potentiels et par l’octroi de subventions du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe : 23 projets ont déjà reçu des aides pour les travaux, 15 pour les études. *LE TALON D’ACHILLE DES AUTORISATIONS* Au-delà des prouesses techniques, c’est la longueur du couloir administratif qui menace la cadence : 4,3 ans pour obtenir les permis, 3,8 ans pour les travaux eux-mêmes, 2,6 ans pour les études d’impact – des délais qui dépassent l’objectif des 42 mois (3,5 ans) inscrit dans le règlement TEN-E révisé de 2022. Ce décalage alimente la crainte d’un goulot d’étranglement lorsque les projets hydrogène passeront massivement de la planche à dessin au terrain. *VERS 2030 ET AU-DELÀ : ENJEUX ET PERSPECTIVES* Le calendrier européen impose désormais aux États de simplifier leurs procédures, de renforcer les guichets uniques et de numériser le suivi des dossiers. La réussite dépendra aussi de la capacité à sécuriser les chaînes d’approvisionnement et les compétences, tandis que la conjoncture des taux d’intérêt pourrait rebattre les cartes du financement. ACER, en plaçant la transparence au centre de son tableau de bord, offre non seulement un miroir des progrès, mais un signal d’alerte : sans accélération sur le front des licences, l’échéance 2030 risque de redevenir une chimère. *CONCLUSION* Ainsi se dessine la dramaturgie de l’infrastructure énergétique européenne : un poème d’acier, de cuivre et d’hydrogène qui aspire à s’écrire d’un seul élan, mais se heurte encore à la prose lente des formulaires et des tampons. À l’ombre de ces chiffres, c’est la crédibilité du Pacte vert qui se joue ; or, le temps n’accorde plus de sursis. Reste à convertir la promesse réglementaire en une réalité de chantiers achevés, afin que l’énergie circule aussi librement que l’idée européenne qui l’inspire. Lien vers le rapport : https://www.acer.europa.eu/media/charts/PCIs-and-PMIs-monitoring-2025 #infrastructures #énergie #pcis #pmis #hydrogène #autorisation #euroscope https://buymeacoffee.com/euroscope