EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
June 2, 2025 at 06:42 PM
*DIALOGUE MONÉTAIRE DE MARS 2025 : CHRONIQUE AMPLIFIÉE DES SURVEILLANCES PARLEMENTAIRES ET DES VIBRATIONS DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE* Sous les lambris du Parlement européen, le 20 mars 2025, la Présidente Christine Lagarde affronta, avec la gravité d’une funambule évoluant entre croissance languissante et inflation rétive, le troisième Dialogue monétaire de la législature. Cette audience, rythmée par les interrogations pointues de dix-sept députés et nourrie par les éclats d’un panel d’experts, s’est muée en véritable laboratoire démocratique : l’hémicycle, tel un miroir grossissant, y a reflété les tensions d’une économie ballottée entre le reflux de la flambée des prix, la menace d’un protectionnisme américain revivifié, l’ombre des conflits géopolitiques et l’impératif soudain d’un réarmement budgétaire du Vieux Continent. *CONTEXTE MACROÉCONOMIQUE : LE SOUFFLE COURT D’UNE CROISSANCE RÉSILIENTE* La Présidente Lagarde rappela que le produit intérieur brut de la zone euro, modeste marin dans un détroit semé d’écueils, a progressé de 0,9 % en 2024. Derrière cette mince avancée se dissimulent plusieurs flux contraires : contraction persistante de l’industrie manufacturière, attentisme dans l’investissement privé, incertitudes commerciales alimentées par le tournant protectionniste de Washington et, surtout, perte structurelle de compétitivité à l’export. Pourtant, comme un fleuve souterrain, les services et le marché du travail continuent de porter l’édifice : le taux d’activité record, la hausse des salaires réels et la détente progressive des taux d’emprunt annoncent, selon la BCE, une poursuite prudente de l’expansion au-delà de 2025, si les vents extérieurs ne forcent pas leurs rafales. *LE CHEMIN DE LA DÉSINFLATION : ENTRE VICTOIRE PROCLAIMÉE ET GUERRE D’USURE* L’odyssée de l’inflation s’écrit désormais à l’encre pâlissante : 2,5 % en janvier, 2,3 % en février, cœur des prix redescendu à 2,6 %. Ce reflux, salué comme une victoire de la politique monétaire, reste toutefois inachevé. La prévisibilité des salaires, encore imprégnés des envolées passées, entretient des braises qui pourraient renaître sous le vent chaud d’un choc énergétique ou commercial. Voilà pourquoi la BCE, soucieuse de parfaire l’ouvrage, n’anticipe un retour franc à la cible de 2 % qu’au premier trimestre 2026, exercice de patience qui appelle une vigilance quasi militaire à l’égard des surprises. *L’INFLEXION DE POLITIQUE MONÉTAIRE : UNE DÉTENTE EN MIROIR DU CYCLE* Le Conseil des gouverneurs, en abattant de 25 points de base son faisceau de taux directeurs (DFR à 2,50 %), a amorcé le dégel d’un cycle restrictif commencé trop tard et poursuivi avec résolution. Les effets commencent à irriguer le crédit : les marges bancaires se contractent, les entreprises de bonne signature retrouvent des conditions de financement moins âpres et les emprunteurs immobiliers aperçoivent, au loin, la lueur d’une accalmie. Mais cette détente reste conditionnelle : la BCE a martelé que son couloir de taux restait « data-dépendant », lesté du poids des négociations salariales et du nuancier géopolitique. *LA VAGUE PROTECTIONNISTE AMÉRICAINE : UN CHOC DE PREMIÈRE IMPORTANCE* Dans l’ombre du Capitole, la nouvelle administration américaine a jeté la foudre : une taxe de 25 % sur les importations européennes est désormais une éventualité tangible. La BCE, forte de modèles à scénarios, évalue l’impact à une perte potentielle de 0,3 point de PIB la première année, portée à 0,5 point si l’Europe ripostait symétriquement. À court terme, ces droits de douane, en renchérissant certaines chaînes d’approvisionnement transatlantiques, pourraient ajouter un demi-point de pourcentage à l’inflation. L’Institution prévient : si le protectionnisme américain s’installe, la zone euro devra redoubler d’efforts pour diversifier ses débouchés, solidifier son marché intérieur et accélérer la ratification d’accords commerciaux stratégiques. *LES INTERROGATIONS DES DÉPUTÉS : UN FEU CROISÉ SUR LES PRIORITÉS DE LA BCE* En vingt-deux prises de parole, les eurodéputés ont tissé une toile de questions autour de trois grands nœuds. D’abord, l’impact tarifaire américain : faut-il préparer un « Plan Marshall » d’ouverture vers l’Afrique, l’ASEAN ou l’Amérique latine ? Ensuite, la soutenabilité de dettes publiques alourdies par l’urgence de la défense : jusqu’où la BCE tolérera-t-elle la hausse graduelle des rendements d’OAT et de Bunds ? Enfin, le chantier du « digital euro » : instrument de souveraineté ou menace pour les solutions privées ? La Présidente, telle une architecte des équilibres, a défendu la nécessité d’un euro numérique solide mais modeste, complémentaire du secteur bancaire et des initiatives de paiements paneuropéens. *L’ÉCHO DES EXPERTS : LE MIROIR CRITIQUE DE L’UNIVERSITÉ* Deux jours avant l’audition, un trio de voix savantes – Volker Wieland, Veronica Guerrieri et Loretta Mester – avait livré aux parlementaires un viatique analytique. Volker Wieland, s’appuyant sur les métronomes que sont les règles de Taylor revisitées, reproche à la BCE son retard initial dans la remontée des taux, mais salue le calibrage actuel. Veronica Guerrieri, quant à elle, détaille les mécanismes subtils par lesquels un euro affaibli peut importer de l’inflation tout en ravivant, à moyen terme, la demande externe. Elle plaide pour une riposte tarifaire mesurée et un soutien budgétaire ciblé plutôt que pour un durcissement précipité de la politique monétaire. Enfin, Loretta Mester, forte de son expérience à la Fed de Cleveland, insiste sur la vertu d’une banque centrale agile, prête à réviser rapidement son cap si la combinaison croissance-inflation venait à dévier. *LE SONDEMENT DU MONETARY POLICY EXPERT PANEL : UN BAROMÈTRE COLLECTIF* Trente-sept spécialistes, sondés avant le Dialogue, dressent un tableau nuancé. Soixante pour cent estiment justifiée la baisse de taux de mars ; la grande majorité appelle la BCE à considérer, dans ses objectifs secondaires, non seulement la stabilité financière mais la préservation de l’emploi face aux secousses commerciales. Quant aux risques, ils cernent un horizon parsemé de ralentissement économique, de chocs pétroliers possibles et d’escalades géopolitiques pouvant ranimer l’inflation. À noter : plus de la moitié des répondants jugent qu’une riposte douanière proportionnée de l’UE risquerait d’alimenter la hausse des prix plutôt que de la contenir. *LES QUESTIONS ÉCRITES DES DÉPUTÉS : LE CONTRÔLE AU LONG COURS* Entre décembre 2024 et mars 2025, six questions écrites ont reçu réponse de la BCE, interrogeant la pondération des risques souverains dans les bilans bancaires, la courbe des rendements dans un monde d’après-pandémie, ou encore la compatibilité des dispositifs collatéraux avec l’essor des obligations vertes. Deux nouvelles missives, suspendues dans la navette, portent sur la répartition géographique des portefeuilles APP et PEPP, révélant l’intérêt croissant du Parlement pour la granularité des achats d’actifs. *LA RÉSOLUTION PARLEMENTAIRE SUR LE RAPPORT BCE 2024 : UN JUGEMENT NUANCÉ* Adoptée en plénière le 11 février 2025, la résolution conduit une critique constructive. Elle salue la victoire partielle contre l’inflation, mais exige davantage de clarté sur la stratégie de communication, sur la prise en compte des coûts sociaux d’une politique restreinte et sur l’intégration des impératifs climatiques dans le collatéral de l’Eurosystème. La Présidente Lagarde, en retour, a promis une transparence accrue et la poursuite d’un dialogue institutionnel régulier – preuve que, dans l’architecture de l’euro, la démocratie n’est pas une façade mais un pilier porteur. *PERSPECTIVES : LES CHEMINS CROISÉS DU COMMERCE, DE LA DÉFENSE ET DE L’INNOVATION MONÉTAIRE* Au-delà des chiffres immédiats, l’horizon se redessine autour de trois chantiers. Primo, l’Europe devra fortifier ses alliances commerciales, pour compenser le reflux transatlantique par une « diversification amicale » vers des partenaires partageant ses normes. Secundo, l’onde de choc sécuritaire impose d’absorber, sans raviver l’inflation, une hausse durable des dépenses militaires : un pacte crédible de discipline budgétaire et d’investissement commun apparaît incontournable. Tertio, l’avènement de l’euro numérique, enfin, pourrait consolider l’autonomie stratégique des paiements, à condition d’être conçu comme un bien public, sobre en données, protecteur de la vie privée et respectueux de la liquidité bancaire. *CONCLUSION* Le Dialogue monétaire de mars 2025 aura révélé, en filigrane, la mue de la politique économique européenne. La flambée inflationniste s’éteint, mais laisse un champ de cendres qu’il faudra féconder par une croissance nouvelle, respectueuse des équilibres financiers. La BCE, désormais vigilante mais moins sévère, avance sur une ligne de crête : soutenir l’activité sans rallumer le brasier des prix, défendre la stabilité sans étouffer l’élan d’innovation. Face au protectionnisme des uns et aux convulsions géopolitiques des autres, le Parlement, en gardien scrupuleux, rappelle que la monnaie unique appartient aux citoyens avant d’être l’affaire des banquiers. Et c’est au cœur de ce dialogue exigeant, continuellement approfondi, que se forge la légitimité d’une Europe monétaire capable de conjuguer prospérité, solidarité et souveraineté. #euroscope #bce #dialoguemonétaire #politiquemonétaire #zoneeuro #inflation #protectionnisme #disciplinebudgétaire #euronumérique https://buymeacoffee.com/euroscope

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