*LE PASSAGE DE FLAMBEAU EUROPÉEN : QUAND COPENHAGUE SE PRÉPARE À SUCCÉDER À VARSOVIE* Sous les lambris feutrés du Conseil de l’Union, le sablier tourne déjà. Le 1ᵉʳ juillet 2025, le Danemark endossera la présidence tournante de l’institution, reprenant à la Pologne l’oriflamme d’une responsabilité qui, depuis Lisbonne, ne se conçoit plus en solitaire : Varsovie, Copenhague et Nicosie forment le « trio » qui guidera l’agenda européen jusqu’au 31 décembre 2026. Au-delà d’un simple relais protocolaire, la passation promet de devenir l’une des séquences les plus déterminantes du nouveau cycle législatif, tant les débats budgétaires, géopolitiques et climatiques convergent vers cette charnière danoise. *UN TRIO SOUS HAUTE TENSION POLITIQUE* Lorsque la Pologne aura refermé son semestre, elle laissera derrière elle un Conseil déjà plongé dans la révision de la Facilité pour l’Ukraine, la poursuite de la réforme du Pacte migratoire et les premiers pas de la nouvelle Commission issue des élections de 2024. Le Danemark, fort d’une tradition scandinave de pragmatisme budgétaire et d’un attachement viscéral au marché intérieur, endossera alors le rôle de pont entre les attentes d’Europe centrale et celles du pourtour méditerranéen que portera Chypre à compter du 1ᵉʳ janvier 2026. La logique même du trio impose d’ailleurs une narrative commune : assurer la continuité de la sécurité continentale, redonner souffle à la compétitivité industrielle et baliser la route du prochain cadre financier pluriannuel. *L’AMBITION BUDGÉTAIRE : LANCER LE MARATHON DU MFF 2028-2034* Copenhague a déjà laissé filtrer sa priorité majeure : ouvrir, dans la seconde moitié de 2025, les négociations sur le futur budget de l’Union. Comme le veut la mécanique communautaire, la Commission déposera sa proposition en juillet 2026, mais c’est la présidence danoise qui en posera les jalons politiques. Au menu : l’équilibre délicat entre la reconduction des grandes politiques – cohésion, PAC, Horizon Europe – et la consolidation des nouveaux fonds de souveraineté numérique, de défense et de transition verte nés sous la précédente législature. Pour un pays qui, en 2000, avait bataillé pour le fameux « chèque britannique », l’enjeu est double : préserver la rigueur comptable qui fait la fierté de son Parlement et convaincre les États frugaux que la sécurité énergétique, militaire et technologique justifie une enveloppe plus épaisse. *LES DOSSIERS CHAUDS HERITÉS DE VARSOVIE* À l’heure du passage de relais, la Pologne aura poussé les feux sur l’élargissement vers l’Ukraine et la Moldavie, engagé la réforme du cadre de gouvernance économique et lancé la discussion sur le mécanisme de compétitivité long-terme. Le Danemark devra traduire ces chantiers en actes : fixer un calendrier crédible pour les négociations d’adhésion, coordonner les premières évaluations nationales de stabilité post-Pacte réformé et esquisser la feuille de route de la nouvelle « Union de l’Épargne et de l’Investissement » inspirée de la boussole de compétitivité. Le tout, sans négliger la mise en œuvre de la loi « Industrie Zéro Émission » et l’opérationnalisation du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, dont les premières perceptions douanières tomberont sous mandat danois. *UNE TRADITION DE COMPROMIS AU SERVICE DES VINGT-SEPT* Si la diplomatie de Copenhague est peu encline aux effets de manche, elle excelle dans l’art discret du consensus. On se souvient que la présidence danoise de 2012, symptomatique d’une Union alors ballottée par la crise de la dette, avait su engranger pas moins de vingt-six accords législatifs en six mois, dont le paquet gouvernance économique « two-pack ». Treize ans plus tard, le climat est différent mais la méthode pourrait demeurer : réunions informelles resserrées, recherche patiente d’alliances croisées entre nord et sud, attention aiguë aux attentes du Parlement européen, qui, à compter de septembre 2025, voudra inscrire son empreinte verte et sociale sur le futur budget. *CONCLUSION* À la mi-2025, le flambeau ne changera pas seulement de capitale ; il basculera d’une Europe en quête de protection vers une Europe en quête de projection. Le Danemark, pivot géographique entre mer du Nord élargie et Baltique sécurisée, se trouve idéalement placé pour orchestrer cette transition stratégique : préparer la maison européenne à financer sa double révolution – compétitive et sécuritaire – tout en tissant la solidarité de trio indispensable à un Conseil soudé. Un semestre court, mais décisif : Varsovie aura lancé la cadence, Copenhague devra bâtir le tempo, afin que Nicosie puisse, à son tour, donner à l’orchestre des Vingt-Sept la profondeur d’un crescendo maîtrisé. #euroscope #conseilue #présidencedanoise #budgetue #mff2028 #triopolognedanemarkchypre https://buymeacoffee.com/euroscope