*RAPPEL STRATÉGIQUE SUR LES GRANDES CONSULTATIONS NUMÉRIQUES EUROPÉENNES* À la veille de l’été 2025, l’Union européenne invite ses citoyens, ses entreprises et ses institutions à se pencher sur quatre chantiers législatifs qui façonneront l’architecture numérique du continent : la révision du Cybersecurity Act, la création du Portefeuille européen d’entreprise, la future législation sur l’informatique en nuage et l’intelligence artificielle, et enfin la nouvelle Stratégie de l’Union en matière de données. Chacune de ces consultations compose une strophe d’un vaste poème législatif où se mêlent souveraineté, innovation et sécurité, et dont le rythme annonce une souveraineté numérique plus affirmée. *CYBERSÉCURITÉ : LE SECOND SOUFFLE DU CYBERSECURITY ACT* En 2019, le Cybersecurity Act a accordé à l’ENISA une stature de gardien européen du cyberespace et instauré la première pierre d’un cadre commun de certification. Six ans plus tard, la Commission européenne lui offre une seconde jeunesse. La consultation ouverte jusqu’au 20 juin 2025 interroge le périmètre d’action d’ENISA, son financement et la solidité du Cadre européen de certification. Dans les coulisses, le très attendu schéma EUCS suscite déjà un débat animé : faut-il réserver l’hébergement certifié aux fournisseurs enracinés dans le droit européen ? À quel niveau placer le curseur d’une autonomie stratégique sans replier la sphère numérique sur elle-même ? Le texte final, promis pour la fin de l’année, pourrait réconcilier exigences de résilience, simplification des obligations de notification d’incident et reconnaissance mutuelle des labels nationaux. *PORTFEUILLE EUROPÉEN D’ENTREPRISE : L’IDENTITÉ NUMÉRIQUE AUX COULEURS DU MARCHÉ UNIQUE* À peine le Règlement eIDAS 2 appliqué aux citoyens, voici qu’il s’étend aux sociétés : le Portefeuille européen d’entreprise, en consultation jusqu’au 12 juin 2025, ambitionne d’offrir à toute entité immatriculée dans l’Union une identité numérique reconnue de Lisbonne à Tallinn. Au-delà d’un simple certificat d’authentification, cette « Business Wallet » promet la signature électronique des actes constitutifs, la réception de notifications officielles et l’échange de données sensibles par-delà les frontières. Elle pourrait réduire le délai de création d’une filiale à quelques heures et délier les nœuds administratifs qui, aujourd’hui encore, ralentissent la circulation des capitaux et des talents. Les entreprises seront toutefois appelées à se prononcer sur la gouvernance, la compatibilité avec les registres nationaux et la question cruciale de l’interopérabilité avec les portefeuilles citoyens. *INFORMATIQUE EN NUAGE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : LA QUÊTE D’UN HORIZON SOUTENABLE* Le Vieux Continent ne veut plus se contenter d’être un simple consommateur de services de nuage ou un importateur d’IA générative. Jusqu’au 3 juillet 2025, la Commission sollicite observations et propositions pour une législation baptisée, à titre provisoire, « Cloud and AI Development Act ». L’objectif est triple : tripler la capacité européenne de calcul haute performance dans les cinq à sept ans, verdir massivement les centres de données et forger une confiance renforcée autour d’un nuage aux garanties juridiques homogènes. Investisseurs privés, opérateurs d’infrastructures, start-up de l’IA et collectivités territoriales sont invités à dessiner la cartographie des incitations financières et des règles de passation de marchés publics qui rendront ces ambitions tangibles. En filigrane, l’Europe projette d’adosser ce texte au nouveau règlement IA pour créer un continuum technologique et éthique, capable d’attirer les talents mondiaux tout en respectant l’esprit des traités. *STRATÉGIE DES DONNÉES : DE LA TOUR DE BABEL AU GRAND RÉCIT EUROPÉEN* La consultation ouverte jusqu’au 18 juillet 2025 sur la future Stratégie des données veut transcender la mosaïque réglementaire actuelle. Alors que le Data Governance Act et le Data Act entrent en vigueur, la Commission esquisse un texte ombrelle afin de clarifier la hiérarchie des normes, d’accroître la qualité des jeux de données disponibles et de favoriser un partage responsable, tant dans les échanges interadministrations que dans les chaînes de valeur industrielles. Les premiers retours soulignent la nécessité de normes sémantiques communes, d’infrastructures fédérées et d’une articulation fluide avec la politique commerciale extérieure pour sécuriser les flux vers les partenaires de confiance. Cette démarche, souvent comparée à un « Schengen de la donnée », ouvre la perspective d’un marché intérieur réellement fluide où l’information circule avec la même agilité qu’un train à grande vitesse entre Bruxelles et Madrid. *CONCLUSION* Ces quatre consultations dessinent la fresque d’une Europe qui n’entend plus subir la géopolitique numérique mais la façonner. Elles posent les jalons d’un espace où la cybersécurité se conjugue avec la compétitivité, où l’identité numérique devient un passeport économique, où le nuage et l’IA se déploient sur un socle durable et souverain, et où la donnée circule dans un écosystème harmonisé. Il appartient désormais aux entreprises, universités, collectivités et citoyens d’alimenter ce nouveau récit européen ; car c’est dans le dialogue que se construit la légitimité des règles qui régiront la décennie à venir. https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/news/commission-opens-consultation-revising-eu-cybersecurity-act https://digitalpolicyalert.org/event/30039-european-commission-closes-consultation-on-eu-business-wallet-initiative https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/consultations/have-your-say-future-cloud-and-ai-policies-eu https://digitalpolicyalert.org/change/14758-european-commission-data-union-strategy-to-streamline-data-sharing-and-governance #cybersecurity #cloudai #datastrategy #digitalidentity #euroscope https://buymeacoffee.com/euroscope