EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
June 3, 2025 at 05:54 PM
*ÉCONOMIE OCÉANIQUE DURABLE : VERS UNE FINANCE BLEUE MONDIALE AU SERVICE DU CLIMAT, DE LA BIODIVERSITÉ ET DE LA PROSPÉRITÉ* Comme la houle qui sculpte inlassablement la côte, l’idée d’une Économie Océanique Durable progresse et gagne en puissance. Portée par des engagements internationaux inédits – des Objectifs de développement durable à l’Accord de Paris, jusqu’au Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal –, cette vision reconnaît la mer comme le cinquième PIB mondial, colonne vertébrale de 90 % du commerce et réservoir d’oxygène pour l’humanité. Mais ce même océan, immense puits de carbone et trésor de biodiversité, vacille sous le poids des émissions, de l’acidification et de la surpêche. C’est dans ce fracas de vagues et de chiffres qu’apparaît le nouveau Protocole d’investissement pour l’océan, feuille de route financière, industrielle et politique destinée à canaliser les capitaux privés et publics vers une croissance bleue régénératrice. *OCEAN : SOCLE DE LA TRANSITION MONDIALE* De l’énergie éolienne en mer à la logistique maritime décarbonée, l’océan est désormais au cœur des grandes transitions. Sur le front climatique, l’Organisation maritime internationale a validé en avril 2025 un cadre juridiquement contraignant qui impose une tarification mondiale du carbone et des plafonds d’intensité carbone aux navires de plus de 5 000 t, avec un objectif net-zéro autour de 2050 et des jalons intermédiaires de –30 % en 2030 et –80 % en 2040. Cette régulation historique – première à couvrir un secteur entier – réoriente déjà les flux financiers vers les carburants de synthèse, l’hydrogène vert, l’ammoniac ou le biométhane, tandis que les ports se préparent à offrir des corridors verts et une alimentation électrique à quai. Dans l’énergie, la « Ocean Renewable Energy Breakthrough » fixe la barre à 380 GW d’éolien marin installés d’ici 2030 ; il faudra ensuite maintenir un rythme de 70 GW par an jusqu’en 2050 pour demeurer sous la trajectoire 1,5 °C. La filière a besoin de 10 milliards de dollars de financements concessionnels pour amorcer les projets dans les économies émergentes, où le coût du capital reste prohibitif. Côté alimentation, l’aquaculture et la pêche, qui nourrissent déjà trois milliards d’êtres humains, requièrent 4 milliards de dollars annuels supplémentaires afin de bâtir des systèmes aquatiques résilients, réduire les pertes post-récolte et renforcer la traçabilité, condition sine qua non pour attirer des obligations bleues ou des prêts durables indexés sur des certifications reconnues (ASC, MSC, GDST). *PROTOCOLE D’INVESTISSEMENT : ARCHITECTURE ET PRIORITÉS* Le Protocole propose un enchaînement d’actions concertées : accroître la culture océanique des investisseurs ; ouvrir les jeux de données marines, aujourd’hui épars ; généraliser des standards globaux – Blue Bond Principles, Sustainable Blue Economy Finance Principles, Sustainable Ocean Principles – afin d’éviter l’écoblanchiment ; constituer un pipeline mondial de projets alignés sur les « Ocean Breakthroughs » ; enfin instaurer un environnement réglementaire stable, où la planification spatiale marine, les plans océaniques nationaux et les taxonomies durables convergent. *LES ACTEURS FINANCIERS : BANQUES, INVESTISSEURS, ASSUREURS* Les institutions financières sont invitées à mesurer leur exposition aux risques océaniques via les cadres TCFD et TNFD, à divulguer leurs dépendances et à fixer des objectifs scientifiques alignés sur les SBTi/SBTN. Elles peuvent mobiliser des plateformes de mise en relation – BlueInvest en Europe, Blue Impact Asia, Sea Change Impact Financing Facility – pour repérer des opportunités dans la conservation des mangroves, la restauration corallienne ou les fermes d’algues. Les assureurs, eux, deviennent partenaires de la transition : couvertures paramétriques pour les cyclones tropicaux, polices indexées sur la survie des récifs, garantie des premiers champs d’éoliennes flottantes. Les principes de l’assurance maritime (Poseidon Principles for Marine Insurance) servent désormais de boussole. *INDUSTRIES BLEUES EN RENOUVEAU* Qu’il s’agisse d’armateurs explorant le combustible à zéro émission, de consortiums portuaires électrifiant les quais, de producteurs d’éolien offshore s’engageant à un bilan biodiversité net positif, ou d’entreprises de l’aquaculture liant leur crédit bancaire à la réduction des émissions et à la restauration des mangroves, chaque secteur s’oriente vers des modèles régénératifs. Les sociétés qui embrassent les Principes pour une économie océanique durable du Pacte mondial de l’ONU voient s’ouvrir les portes des marchés à impact et des fonds souverains climatiques. *ÉTATS ET BANQUES DE DÉVELOPPEMENT : LEVIERS PUBLICS* Les gouvernements, en adoptant des plans océaniques durables et en supprimant les subventions néfastes à la surpêche ou aux carburants fossiles, cristallisent la confiance des investisseurs. Les banques multilatérales – Banque européenne d’investissement, Banque asiatique de développement, Banque africaine de développement – ont déjà mobilisé plus de 10 milliards d’euros pour les énergies marines, la dépollution plastique ou la résilience côtière, et travaillent à un « Blue Finance Roadmap » commun pour 2025. Par la combinaison de prêts concessionnels et de garanties, elles abaissent le coût du capital et déclenchent l’afflux de fonds privés vers les PME côtières, les infrastructures vertes et les aires marines protégées. *VERS UNE GOUVERNANCE INTÉGRÉE DE L’OCÉAN* La réussite du Protocole repose sur une science partagée : comptes nationaux de l’océan intégrant le capital naturel, observatoires des flux de carbone bleu, plateformes satellites traquant les flottilles illicites, chaînes de blocs authentifiant le thon ou la crevette responsables. Au-delà des outils, c’est l’inclusion des communautés côtières, des peuples autochtones et des femmes travailleuses de la mer qui garantira la légitimité sociale de la transition bleue. *CONCLUSION* L’océan n’est plus une marge, mais la matrice de la transition écologique et de la sécurité humaine au XXIᵉ siècle. Les capitaux privés y trouveront de vastes estuaires de rentabilité, pour peu qu’ils s’alignent sur une valeur non négociable : la santé des écosystèmes dont dépend leur propre prospérité. De la baie de Cispatá, où les crédits carbone bleus financent la mangrove, aux chantiers navals de Singapour qui assemblent les premiers vraquiers à ammoniac, se dessine un nouveau récit économique où chaque euro investi nourrit à la fois le climat, la biodiversité et la justice sociale. Le Protocole d’investissement pour l’océan offre la carte et la boussole ; il appartient désormais aux banquiers, aux assureurs, aux industriels et aux États de tenir la barre, pour que la mer, éternelle poétesse, continue de chanter l’abondance plutôt que le naufrage. https://www.oecd.org/en/publications/2025/03/the-ocean-economy-to-2050_e3f6a132.html #oceaneconomy #bluefinance #climateaction #biodiversité #euroscope https://buymeacoffee.com/euroscope
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