EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
June 6, 2025 at 02:57 PM
*FINANCE EUROPE : FAIRE VIBRER LE CŒUR DE L’ÉPARGNE AU RYTHME DE LA SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE* ISous les voûtes du ministère français de l’Économie, un souffle nouveau s’est élevé le 5 juin 2025 : sept États membres – France, Allemagne, Espagne, Estonie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal – ont uni leurs voix pour baptiser « Finance Europe », un label destiné à canaliser la vaste mer de l’épargne continentale vers les entreprises qui bâtissent notre futur. Au-delà d’un simple sceau marketing, l’initiative annonce la volonté, maintes fois exprimée dans les rapports Letta et Draghi, de transformer la masse dormante des dépôts – près de 35 000 milliards d’euros – en levier stratégique pour la transition verte, la révolution numérique et la sécurité collective. *ORIGINE ET AMBITION DU LABEL* Depuis des décennies, les Européens placent la prudence au-dessus du rendement : comptes courants, livrets garantis, obligations souveraines. Cette préférence, louable pour l’épargnant individuel, entrave toutefois l’essor du capital-investissement domestique et nourrit la dépendance aux financements extérieurs. « Finance Europe » naît de ce constat : doter les ménages d’un guide lisible, certifié par les pouvoirs publics, afin que chaque euro confié contribue d’abord à la prospérité du Vieux Continent. L’élan, impulsé conjointement par les ministres Éric Lombard et Carlos Cuerpo, vise aussi à rapprocher le projet d’Union des marchés de capitaux (UMC) de la réalité quotidienne des foyers, après les progrès encore trop lents du PEPP ou des ELTIFs. *LES TROIS PILIERS D’ÉLIGIBILITÉ* Premier pilier : la destination. Au moins 70 % des actifs devront irriguer des entreprises européennes – un seuil qui garantit la substance économique du label tout en laissant une marge d’ingénierie financière pour diversifier les risques. Deuxième pilier : le temps. La détention minimale de cinq ans consacre la vertu d’un horizon long, indispensable au financement en fonds propres, mais demeure inférieure à celle des plans d’épargne-retraite, préservant ainsi la souplesse patrimoniale. Troisième pilier : l’exposition sans filet. Une « part substantielle » de capitaux propres non garantis place l’investisseur face à la réalité de la prise de risque, rompant avec la promesse implicite de protection intégrale qui triomphe encore dans l’épargne réglementée. *GOUVERNANCE DÉCENTRALISÉE ET MISE EN ŒUVRE PRAGMATIQUE* Contrairement aux labels ISR, Green Bond ou Taxonomie, « Finance Europe » ne crée pas une nouvelle autorité centrale ; il s’appuie sur les superviseurs nationaux, gardiens de la conformité au référentiel commun. Chaque banque, assureur, société de gestion pourra apposer le logo une fois l’audit validé, tandis que les États conserveront la main sur les incitations fiscales : bonification d’impôt sur le revenu, abattement sur les plus-values, voire déduction sociale. Cette architecture souple garantit une entrée rapide sur le marché tout en ménageant la souveraineté fiscale des capitales, condition essentielle pour attirer, à terme, les vingt autres États membres. *ENJEUX MACROÉCONOMIQUES ET STRATÉGIQUES* Convertir ne serait-ce que 5 % de l’épargne européenne en capitaux à long terme dégagerait plus de 1 700 milliards d’euros, de quoi combler une part majeure du besoin d’investissement vert estimé par la Commission. Le label pourrait également contrecarrer l’hémorragie des introductions en bourse vers Wall Street, renforcer la liquidité des marchés paneuropéens et diminuer la dépendance au crédit bancaire, constamment surveillé par Bâle III. Sur le plan géopolitique, il s’agit d’ériger un « mur porteur » financier face à l’ambition américaine de rapatrier ses chaînes d’approvisionnement et à l’appétit chinois pour les actifs technologiques occidentaux. *DEFIS ET POINTS DE VIGILANCE* Le succès dépendra d’abord de l’attractivité fiscale : sans avantage tangible, les ménages resteront attachés aux produits bien connus, sûrs et liquides. L’harmonisation de ces incitations, encore facultative, risque d’engendrer une mosaïque qui brouillerait la lisibilité promise. Par ailleurs, la définition d’« entreprise européenne » devra intégrer les réalités des groupes multinationaux et éviter l’écueil du « green / blue-washing » financier. Enfin, la protection de l’investisseur exige une pédagogie renforcée : expliquer qu’une absence de garantie n’est pas synonyme de témérité, mais de partage conscient du risque-rendement, essentielle à la vitalité économique. *CONCLUSION* « Finance Europe » se présente comme un pont entre l’épargne dormante et la renaissance industrielle que l’Union appelle de ses vœux. Sa réussite reposera sur la conjugaison de trois volontés : celle des pouvoirs publics, prêts à accorder les incitations ; celle des intermédiaires financiers, décidés à jouer la transparence et la sobriété des frais ; enfin celle des citoyens, qui, comprenant l’impact direct de leurs placements, pourraient devenir actionnaires de la puissance européenne. Si ces trois forces convergent, le label fera plus que stimuler les portefeuilles : il incarnera la promesse d’une souveraineté par le capital, ciment indispensable de l’Europe stratégique. https://presse.economie.gouv.fr/lancement-du-label-europeen-finance-europe-pour-que-lepargne-des-europeens-contribue-au-financement-de-leconomie-europeenne/ #euroscope #financeeurope #epargne #souveraineté #umc https://buymeacoffee.com/euroscope

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