
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
June 6, 2025 at 07:08 PM
*SEMESTRE EUROPÉEN 2025 : LA COMMISSION RALLUME LE FEU DE LA COMPÉTITIVITÉ*
Au matin du 4 juin 2025, tandis que les drapeaux de l’Union frémissaient dans la brise de Bruxelles, la Commission européenne dévoilait le paquet de printemps du Semestre européen. Derrière la froideur d’un PDF, c’est tout un roman continental qui se poursuivait : ambition de souveraineté, quête d’équilibre budgétaire, promesse de prospérité partagée. Dans un monde secoué par des vents géopolitiques contraires, l’exécutif européen choisit de hisser la grand-voile de la compétitivité plutôt que d’amarrer le navire à un quai de précaution.
*LA BOUSSOLE POUR LA COMPÉTITIVITÉ, NOUVEAU NORD*
Depuis l’automne 2024, la « boussole » — feuille de route quinquennale exposant les quatre axes de performance (productivité, innovation, énergie et intégration économique) — sert de pierre angulaire à la coordination macroéconomique. Cette année, chaque État membre voit son rapport national scruté à travers ce prisme : déficit d’innovation, dépendances stratégiques, lenteurs administratives et carences de capital humain ne peuvent plus se dissimuler derrière des moyennes communautaires flatteuses. Les recommandations qui en découlent invitent les gouvernements à redoubler d’investissements dans la recherche, à simplifier les procédures d’implantation industrielle et à convertir les masses d’épargne domestique en carburant pour les scale-ups locales.
*LA CLAUSE DÉROGATOIRE NATIONALE : UN BOUCLIER POUR L’EFFORT DE DÉFENSE*
La guerre à l’Est a fait de la sécurité un déterminant central de la compétitivité. Pour la première fois, la Commission active la « NEC » : clause dérogatoire nationale autorisant quinze capitales — de Vilnius à Lisbonne — à dépasser temporairement leur trajectoire de dépenses nettes afin de renforcer leurs arsenaux. L’esprit du nouveau cadre budgétaire, entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2025, reste néanmoins préservé : chaque euro dépensé au-delà des plafonds devra être amorti par des réformes structurelles ou un redéploiement des subsides improductifs. Ainsi, la protection du ciel européen ne saurait se faire au détriment de la soutenabilité des comptes publics.
*PERSPECTIVE BUDGÉTAIRE : TRAJECTOIRES ASSOUPLIES, DISCIPLINE RENFORCÉE*
La procédure de déficit excessif demeure suspendue au-dessus de six pays, mais la Commission estime que nul ajustement supplémentaire n’est requis pour la France, l’Italie, la Hongrie, Malte, la Pologne et la Slovaquie. La Belgique, elle, bénéficie d’une nouvelle trajectoire qui reconnaît son effort de consolidation sans obérer son programme d’investissements. À l’inverse, la Roumanie s’avance sur le fil du rasoir : progression incontrôlée des dépenses, compétitivité-coûts érodée et déficit courant abyssal. Bucarest devra bientôt présenter un plan de redressement crédible ou affronter l’inflexible mécanique des sanctions. Pour l’Autriche, la Commission propose d’ouvrir formellement la PDE, rappelant que, dans la nouvelle gouvernance, la flexibilité n’efface pas l’exigence de responsabilité.
*UN BAROMÈTRE DES DÉSÉQUILIBRES MACROÉCONOMIQUES EN MUTATION*
Le mécanisme d’alerte 2025 illustre un rééquilibrage bienvenu : l’Allemagne et Chypre abandonnent la colonne des pays à déséquilibres, preuve que l’excédent courant d’outre-Rhénan se résorbe tandis que Nicosie réduit ses dettes extérieures. À l’opposé, la Roumanie reste signalée pour déséquilibres excessifs, et l’Italie voit ses fragilités persister, malgré un rebond d’exportations à haute valeur ajoutée. La Suède et les Pays-Bas, toujours épinglés, peinent à réaliser l’atterrissage ordonné de leurs marchés immobiliers et de leur épargne pléthorique. Chaque diagnostic nourrit des prescriptions sur mesure, démontrant la capacité du Semestre à conjuguer surveillance collective et thérapie différenciée.
*LES PLANS DE RELANCE, ENTRE ACCÉLÉRATION ET DERNIÈRE LIGNE DROITE*
Plus de la moitié des jalons de la Facilité pour la reprise et la résilience ont déjà été franchis, mais l’horloge tourne : fin 2026, l’instrument sera clôturé. Là où l’Espagne dépasse les attentes — innovation verte, modernisation de la formation professionnelle —, d’autres traînent la semelle. La Commission insiste : sans appels d’offres plus rapides, sans guichets administratifs unifiés et sans partenariats public-privé élargis, nombre d’États risquent de laisser des milliards dormir dans les tiroirs de la BEI. La cohésion territoriale, revue à mi-parcours, devra dorénavant adosser chaque projet d’infrastructure à un objectif de décarbonation ou de transformation numérique, sous peine de réaffectation des fonds.
*L’EMPLOI ET LA CONVERGENCE SOCIALE : L’ASCENSEUR DOIT REMONTER*
Le rapport conjoint sur l’emploi montre une Union au chômage historiquement bas mais en pénurie aiguë de compétences : cybersécurité, intelligence artificielle, soins de santé. Les nouvelles lignes directrices invitent les pays à élargir l’apprentissage tout au long de la vie, à adapter les filets de sécurité sociale à la flexibilité du travail de plateforme et à inclure des indicateurs de qualité dans leurs politiques salariales. La Grèce et l’Italie, encore en proie à des déséquilibres sociaux, sont priées de raccourcir les procédures judiciaires et de moderniser leurs services publics afin de convertir la croissance en opportunités concrètes. Pour la Roumanie, la Commission réclame un pont solide entre universités et entreprises, seule digue capable de retenir la fuite des cerveaux.
*L’AMBITION STRATÉGIQUE : ALLIER PROSPÉRITÉ, SOBRIÉTÉ ET PUISSANCE*
Au-delà des chiffres, le Semestre 2025 porte une vision : bâtir une Europe qui ne soit ni simple zone de libre-échange ni forteresse anachronique, mais bien un espace intégré où la recherche scientifique nourrit la souveraineté industrielle, où la discipline budgétaire épouse l’investissement dans le capital humain. Dans ce ballet complexe, la Commission agit tel un chef d’orchestre : elle corrige les fausses notes macroéconomiques, stimule les soli d’innovation et rappelle aux chœurs nationaux que l’harmonie ne s’obtient qu’en respectant la partition commune.
*CONCLUSION*
Le Semestre européen du printemps 2025 n’est donc pas un simple rituel bureaucratique ; il s’apparente au chantier d’une cathédrale moderne, dont chaque contrefort — budgétaire, social, industriel, sécuritaire — consolide l’édifice européen. Les recommandations, si elles trouvent écho dans les capitales, peuvent transformer un marché unique fragmenté en moteur de croissance durable. Mais, comme l’écrivait Romain Gary, « l’Europe est une espérance ». À chacun de ses États, dès maintenant, de lui donner chair et souffle en convertissant ces lignes directrices en réformes tangibles, pour que la compétitivité cesse d’être un slogan et devienne un destin partagé.
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_25_1388
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