
FOCODE Magazine
June 13, 2025 at 07:34 AM
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Burundi : les évêques catholiques mettent en cause l’intégrité des élections du 5 juin
#focodemagazine| 13 juin 2025
À l’issue des élections législatives et communales du 5 juin 2025, la Conférence des évêques catholiques du Burundi dresse un constat en demi-teinte. Tout en saluant le climat apaisé du scrutin et l'engagement de la population, l’Église pointe de graves irrégularités qui, selon elle, jettent le doute sur la transparence et l’intégrité du processus électoral. Dans un communiqué publié le 10 juin à Bujumbura, les évêques appellent à une réforme en profondeur du système démocratique burundais.
Bujumbura, 12 juin 2025 — Dans un ton mesuré mais ferme, la Conférence des évêques catholiques du Burundi (CECAB) a réagi aux scrutins législatif et communal organisés le 5 juin à travers tout le pays. Appuyée sur les constats de quelque 2 400 observateurs mandatés — soit environ 30 % des bureaux de vote couverts — l’institution religieuse, influente au Burundi, formule un bilan contrasté : participation active, climat globalement pacifique, mais aussi sérieuses entorses aux règles électorales.
« Dans l’ensemble, les élections se sont déroulées dans un climat apaisé et la population y a bien participé », ont souligné les évêques. Ils saluent également les efforts de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a assuré un suivi en temps réel du déroulement du scrutin et précisé certaines dispositions réglementaires lorsque nécessaire.
🔴Des pratiques contraires à l’esprit démocratique
Malgré cette apparente normalité, le communiqué relève des incidents préoccupants. Dans plusieurs localités, des bureaux de vote ont ouvert en avance, sans que les mandataires ni les observateurs ne soient présents pour vérifier l’intégrité des urnes. Ailleurs, ces mêmes acteurs ont été maintenus à l’écart ou retardés, découvrant une fois sur place des signes de bourrage d’urnes.
Des témoignages font état de pressions exercées sur les électeurs, contraints de voter selon des instructions données sur place ou même accompagnés jusqu’à l’isoloir. Dans certains cas, des membres de bureaux de vote auraient eux-mêmes rempli les bulletins à la place des citoyens. D'autres irrégularités évoquées incluent l’usage de multiples cartes d’électeurs, les votes répétés ou les procurations abusives.
Observateurs marginalisés
La CECAB dénonce également la manière dont certains observateurs et mandataires ont été traités : refoulés à l’entrée, empêchés d’assister aux opérations de dépouillement, voire contraints de signer des procès-verbaux — un acte que la loi électorale ne leur permet pas. Ces entraves, souligne le communiqué, portent atteinte au principe de transparence, pierre angulaire de tout processus électoral crédible.
🔴Un signal d’alerte pour la démocratie burundaise
Sans remettre formellement en cause les résultats, les évêques catholiques appellent à une profonde introspection sur le fonctionnement démocratique du pays. « Le chemin vers l’organisation des élections libres et transparentes est encore long », préviennent-ils, avant d’inviter à une réforme du cadre légal et à un renforcement de l’indépendance des organes électoraux.
🔴Un appel à la responsabilité collective
Alors que les résultats continuent d’être consolidés et que les vainqueurs s’apprêtent à prendre leurs fonctions, le message de l’Église résonne comme un double avertissement : il met en lumière les dysfonctionnements du système électoral tout en esquissant une voie vers une démocratie plus crédible.
La Conférence des évêques exhorte l’ensemble des acteurs – institutions, partis politiques, société civile et citoyens – à œuvrer pour une gouvernance fondée sur la vérité, la justice, la paix et la charité. Car, rappellent-ils, « si le silence peut couvrir un temps les irrégularités, seule la transparence fonde la confiance. Et sans confiance, il n’est pas de paix durable ».
Dans un pays encore marqué par un passé politique tumultueux, ce communiqué marque un tournant. Il rappelle que la légitimité politique ne se proclame pas : elle se mérite, à travers des processus équitables, transparents et respectueux de la volonté populaire.
#focodemagazine| La Rédaction
crédit photo: Journal @iwacuinfo
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