Quand on annonce fièrement qu’on peut désormais commander son passeport en ligne au Congo, il faut respirer par le nez. Parce que chez nous, la modernité, c’est souvent une vitrine sans boutique derrière. Mettre un formulaire sur un site, ce n’est pas la révolution numérique. C’est du maquillage digital sur un cadavre bureaucratique. L’État congolais a cette manie de croire qu’un clic efface la corruption, qu’un design responsive supprime les files d’attente ou qu’un bouton « valider » suffit à abolir le clientélisme. Or, informatiser une administration gangrenée, c’est comme poser un écran plat dans une case en feu. La tech sans réforme, c’est du décor. La plateforme peut être belle, mais si le serveur te demande encore un « motivation de voyage » ou un « petit geste », on est juste passé du bakchich au PDF. Le numérique ne change rien si les mentalités restent précoloniales et le système mafieux. C’est pas une question de code, c’est une question de culture. Et au Congo, tant qu’on n’aura pas hacké l’ADN du système, tous les sites web du monde ne nous sauveront pas de notre propre théâtre kafkaïen. Alors oui, on peut commander son passeport en ligne. Mais entre le clic et la réception, il y a un tunnel congolais : obscur, lent, et parfois payant en espèces sonnantes sous la table. *#jean-LUC NOAH SK / LSM* _Libre penseur_