
Actualités Brûlantes du Sahel
May 23, 2025 at 10:51 AM
Sahel
Bamako, Niamey, Ouaga, sur le point de tomber : la menace djihadiste, de plus en plus pressente !
Les groupes armés terroristes qui poursuivent leur progression vertigineuse pourraient créer la surprise en marchant sur les capitales des trois pays de l'AES désormais à leur portée. Une lame de fond djihadiste traverse, en ce moment, tout le Sahel avec de sombres perspectives. Il n'y a plus une ligne de démarcation nette entre territoires sûrs et zones d'insécurité. En vérité, mine de rien, l'on assiste à la fin d'une époque et à l'avènement d'une ère marquée du sceau du djihadisme. Dans cet horizon funeste qui se dessine à grands traits, l'Etat n'existera pas, dilué dans des forces obscures. Les bandes armées dicteront leurs lois à la place des forces armées nationales et republicaines défaites et effacées du paysage. De ce point de vue, ce mois de mai, constitue un point de bascule. Les groupes armés ne se contentent plus d'attaques éclair et sporadiques. Ce sont maintenant des forces d'occupation, hégémoniques qui marquent leurs territoires, plantent leurs drapeaux, administrent, bonnement, se montrent, chaque jour plus agressives et conquérantes.
Les capitales malienne, nigerienne, burkinabé sont les derniers bastions de résistance et de souveraineté aussi. Le reste, jour après jour, est passé sous le contrôle djihadiste.
Mali : de Bamako à Kayes, l'Etat bascule et vacille dangereusement
Depuis le 10 mai 2025, les attaques au Mali se succèdent à un rythme hallucinant. Le JNIM, à travers ses katibas, Macina, Sikasso et Arbinda , orchestre une offensive tous azimuts contre les FAMA, les intérêts économiques étrangers, et les axes logistiques les plus fréquentés et prisés.
11 mai 2025 : deux soldats ont été tués sur la route stratégique kita-Manantali , zone de transit vers les barrages hydro-électriques.
12 mai 2025 : une attaque contre un site minier tenu par des chinois s'est soldé par la mort de deux agents, l'enlèvement de deux expatriés chinois . Tout le matériel logistique a été détruit.
Les attaques contre des infrastructures économiques vitales ne relèvent pas du hasard ou d'une coïncidence. Il s'agit de frapper les symboles des investissements étrangers.
Encore le 12 mai 2025, deux attaques à l'engin explosif improvisé ( IED), ont visé Konna ( Mopti), et le tronçon Sikasso-Dionsala. La preuve d'une diffusion géographique et technologique des moyens de nuisance.
14 mai 2025 : un militaire FAMA a été fait prisonnier. Fait rarissime , car la Katiba procède le clair du temps à des exécutions systématiques. Il pourrait s'agir d'envoyer un signal fort en direction de la junte.
15 mai 2025 : un raid effectué à l'aide d'un drone kamikaze a touché la route Bamako-Ségou , près de kasséla.
Cette technologie utilisée plusieurs fois en l'espace d'une semaine rappelle le mode opératoire du GSIM en Libye et du Hezbollah libanais au Levant. La suprématie aérienne change de camp.
17 mai 2025: l'attaque survenue à Sandaré est la plus grave de toutes, véritable point d'orgue : une caserne prise, sept soldats tués, un blindé détruit, un impressionnant arsenal saisi, tel est le lourd bilan.
Ce sont des drones kamikazes qui ont ouvert les hostilités. Par la suite, des hommes ont pris position au sol. Les FAMA ont dètalé, abandonnant derrière eux des véhicules intacts, des mortiers, RPG, des mitrailleuses lourdes, et des dizaines de caisses de munitions.
Le message est sans ambiguïté : même dans la région de kayes, à l'ouest, que le régime de Bamako considère comme pacifiée, les djihadistes ont la capacité de frapper les casernes, en plein jour.
Le 19 mai 2025 : une patrouille conjointe FAMA-Wagner est tombée dans une embuscade à hauteur de Douentza.
Le 20 mai 2025 : le JNIM a revendiqué la prise d'un check-point à Dioba, à 20 km de Kati, c'est-à-dire, à cette distance du cœur du pouvoir militaire, de la résidence de Goita et du siège de l'état major général. C'est un pied de nez et un affront retentissant.
Le spectre du 17 septembre 2024 , jour de la dernière attaque, très spectaculaire, de Bamako plane sur le pays
Cet incident, doit être examiné à la lumière de l'attaque du 17 septembre 2024 contre Bamako qui avait suscité de nombreuses frayeurs tant par l'ampleur de l'opération que par l'audace qui l'avait caractérisé. Deux commandos du JNIM avaient réussi à pénétrer dans la capitale malienne pour procéder à des frappes simultanées. L'école de gendarmerie de Faladié, épicentre de la formation des unités d'élites, et la base aérien 101, jouxtant l'aéroport Modibo Keita avaient été les cibles des incursions terroristes.
Des dizaines de morts avaient été enregistrées parmi les jeunes recrues. Le réacteur de l'avion présidentiel avait été incendié. Des djihadistes ont immortalisé la scène surréaliste par des images et vidéos réalisées par leurs propres soins.
Il faut rappeler aussi qu'un drone de combat, un avion du programme alimentaire mondial ( PAM) et plusieurs avions militaires étaient partis en fumée.
Les FAMA n'avaient été capables d'aucune riposte digne de ce nom.
Ces événements tragiques ont été minorés et banalisés par les autorités militaires qui, comme d'habitude, ont préféré une fuite en avant que de reconnaître le revers.
L'épisode de Dioba , où ils ont contrôlé en pleine journée et à leur guise le checkpoint , est un nouveau jalon posé dans l'encerclement de Bamako avant un assaut très probable, voire imminent.
Niger : Tillaberi, sous pression, Niamey sur une corde raide .
Le 15 mai 2025, la base militaire de Mossipaga, dans la région de Tillaberi, est tombée après un assaut du JNIM. Le commandant fut blessé, sept soldats ont péri. Un arsenal important a été saisi: blindé turc, drones, RPG, mortiers, mitrailleuses lourdes. C'est une opération inédite.
Le 16 mai 2025 : des écoles ont été incendiées à Kobadié, à seulement 45 km de Niamey. L'enjeu n'est pas militaire mais d'ordre psychologique. C'est de démontrer que Niamey est vulnérable et accessible. Ses alentours immédiats sont devenus des terrains de jeux pour terroristes avec des incursions potentiellement, possibles.
Le 18 mai 2025 : deux convois logistiques, civils et militaires, furent attaqués sur les axes Kabongo-Zindigori et Dori-Tera. Des chauffeurs, ont été exécutés, des camions calcinés, des vivres enlevées. Les syndicats des transporteurs refusent désormais de s'aventurer sur ces voies périlleuses. Du coup, ce sont des régions entières du Niger qui se retrouvent isolées, complètement, coupées du reste du pays.
Le Burkina Faso : le compte à rebours a commencé
Le 14 mai 2025, des dizaines de civils et volontaires pour la défense de la patrie ( VDP), ont été tués à koulpélogo.
Le 15 mai 2025 : au cente-nord, une embuscade a été signalée.
Le 17 mai 2025 : des attaques coordonnées ont affecté Pampanga, Thiou, le Sammantenga et la boucle du Mouhoun. Les assaillants , répartent, chaque fois, avec des munitions et parfois même des véhicules.
Le 21 mai 2025 : la garnison militaire de Yonde est tombé. Le même jour, Binadeni, à 8 km de Fada N’gourma, fut attaqué. Djibo, se retrouva encerclé sur ses quatre flancs. La ville n'est plus accessible que par hélicoptère. Elle est à la merci d'une chute comme Diabaly en 2012.
21 mai 2025 : une date à retenir car marquant le point de non-retour. Plus aucune province, aucune garnison, aucune route dans un Burkina livré aux groupes armés qui ne peut être considéré comme sûre.
Tandis que les bases militaires tombent, l'une après l'autre, les convois sont neutralisés, les écoles sont incendiées, les forces armées de l'AES, issues du Burkina, du Mali, du Niger, s'illustrent, tristement, sur le front de guerre qu'elles se sont choisies : les atrocités contre des populations innocentes et désarmées.
Les foires sont bouclées et régulièrement investies pour des expéditions punitives. Les femmes et pasteurs de la communauté peule, sont régulièrement, interpellés, harcelés, torturés, hélas, tués aussi très souvent. Des villages entiers sont rasés. A Markala, un blindé des FAMA a sauté sur une mine. Pas un seul survivant dans l'explosion qui s'ensuivit. Où sont donc passés les drones tant vantés ? Qu'en est-il de la puissance aérienne brandie, urbi et orbi ?
L'heure est grave. Bamako est sur la sellette. Ses casernes sont attaquées, ses bases détruites, ses banlieues infiltrées et infestées.
Niamey est cernée, de toutes parts et de l'intérieur même de ses frontières : à l'est, au nord-ouest, au sud, les groupes armés, circulent, allègrement.
Ouagadougou est au bord du précipice : Dori, Djibo, Fada, kaya, toutes les routes sont coupées.
En clair, les groupes armés ont pris le dessus sur les États et avancent leurs pions. Ils sont maîtres du terrain et ont remporté aussi bien la bataille militaire que la guerre psychologique. Les États ennemis à eux ne sont présents et visibles, ne se font remarquer et entendre que sur les réseaux sociaux, lors de conférences de presse ou sur diverses tribunes. Le monde de toutes les illusions. Il ne leur reste plus que la propagande comme arme fatale et l'exhibition comme baroud d'honneur.
Le sang continue de couler, le terrorisme triomphe, les soldats désertent. Les putschistes, eux, continuent de faire le paon, affichant une fierté douteuse et de fausses assurances.
Il y a longtemps qu'un cri d'alarme a été lancé. Mais, l'on ne l'entend toujours pas. Après, qui faudra-t-il accuser du déluge ?
POST-SCRIPTUM – LE CHIFFRE QUI DÉSHONORE : 125 MORTS, EN 19 JOURS DU MOIS DE MAI AU NIGER.
Pendant que les membres de la junte rivalisent dans la course à l’enrichissement personnel, s’adonnent au pillage méthodique des maigres ressources restantes, et que les scandales financiers s’enchaînent, sans fin, portés par les pires escrocs de la république – à commencer par Yaou Saga, le peuple, lui, enterre ses morts dans le silence, la poussière et l’oubli.
Du 1er au 20 mai 2025, au moins 125 personnes ont été tuées au Niger. Aucun mot officiel, aucun deuil national, pas même un message de compassion. Le silence est devenu politique.
Détail du carnage :
• Forces de Défense et de Sécurité (FDS) : 47 morts
• Civils : 78 morts, dont :
- 67 paysans
- 8 employés de la SML (Samira)
- 3 chauffeurs sur l’axe Dori-Téra
Répartition géographique :
• Kokorou : 26 morts
• Doutchi : 37 morts (principalement FDS)
• Danga : 13 morts
• Anzourou : 12 morts
• Mossipaga : 7 morts (FDS)
• Diffa (incl. Blacici) : 8 morts
• Samira : 8 morts
• Dori-Téra : 3 morts
• Yélou : 3 morts
• Ayorou : 2 morts (FDS)
• Makolondi : 2 morts
Voilà la seule vérité qui vaille.
Pendant que les imposteurs paradent dans leurs 4x4 climatisés, le peuple meurt par centaines.
Le sang coule, les larmes aussi. Et les comptes offshore gonflent.
Samir Moussa