Actualités Brûlantes du Sahel
May 31, 2025 at 06:32 PM
Urgent-Niger
Adresse à la nation de Tiani : le discours de diversion d'un général, hors sol, acculé, empêtré dans les malheurs .
Alors que le Niger continue d'enterrer ses morts et de panser ses blessures après deux attaques les plus sanglantes de son histoire récente, Eknewen ( 24 mai 2025) et Boumba-Falmey ( 26 mai 2025) . Qui viennent s’ajouter à une série d’attaques, les unes plus violentes que les autres : koutougou ( 15 août 2023) , Tabatol (2 oct 2023), le 1 août 2023 koutoukale, le 21 mars 2024 attaque de Teguey , le 21 mars 2025 le massacre de Fambita, suivie le 25 avril 2025 attaque de Sakoira , Boni, des attaques quotidiennes sur l’ensemble du territoire avec des déplacements massifs de populations. C’est dans ce contexte d’attaques généralisées et d’effondrement de l’armée que, le Général Tiani, chef de la junte au pouvoir, s'apprête à livrer une adresse à la nation, ce samedi 31 mai 2025, dans la soirée. L"allocutiion” a été enregistrée 24 h plus tôt, soit hier, vendredi 30 mai 2025. Bien qu'il n'y a rien qu'on pourrait en attendre du putschiste, expert de la langue de bois et connu pour ses discours insipides, les Nigeriens tendent les oreilles afin d'entendre les balivernes et lamentations habituelles. Le contexte pourtant ne se prête pas à la parodie et à la comédie car marqué par un climat de désarroi national, de grogne populaire et de marginalisation accrue du pays.
Un discours de complaisance face à des débâcles militaires
Les attaques meurtrières du 24 mai 2025 à Eknewen Tillia et du 26 mai 2025 à Boumba-Falmey suivies d'autres revers à Anzourou ont révélé les carrences et lacunes de l'armée sous le commandement aventureux de Tiani. Des soldats, livrés à eux-mêmes, à court d'équipements, font face à des groupes armés, chaque jour, plus audacieux dans leurs actions : tel est le lourd passif en deux années de l'exercice du pouvoir par la junte.
Le Général Tiani rechigne à reconnaître et assumer ses responsabilités dans un échec sécuritaire pathétique. Aussi, va-t-il s'arc-bouter à des arguments fallacieux pour se défausser sur d'autres en pointant un doigt accusateur, comme à son habitude, à des cibles auto-désignées qui sont désormais connues sans cesse ressassées et vilipendées.
Le discours de dernière minute , préparé dans l'affolement fiévreux et la folle précipitation, ne mentionnera pas les équipements militaires obsolètes, n'évoquera pas la situation des officiers démoralisés, ni ne fera allusion aux détournements astronomiques des derniers publics ou les promesses oubliées de renouveau et de refondation. Il reviendra plutôt sur la dénonciation d'ennemis imaginaires et sournois dans le voisinage immédiat que sont , le Nigeria, la Côte d'Ivoire , le Benin et notamment le principal bouc émissaire, la France . Bien sûr, sur la liste noire figureront aussi tous les opposants au régime notamment politiques accusés , tous, abusivement, de comploter contre le Niger.
Le Général Tiani, une fois de plus, se présentera, comme le garant de la souveraineté nigerienne et héros de la libération nationale. Il martelera encore sa volonté inaliénable de mettre un terme définitif au joug colonial. Quel paradoxe et faux bond à l'histoire !
Un homme qui a trahi un Président de la République élu, Mohamed Bazoum, a marché sur la constitution, ose parler de " liberté " et de respect des droits des peuples. Un autocrate qui a pris en otage son pays , impose la servitude et la misère à ses populations, ne peut défendre la souveraineté populaire ni se faire passer pour un justicier.
Le Tiani rabâchera encore les oreilles avec l'ambition prêtée à ses détracteurs de vouloir recoloniser le Sahel et de domestiquer ses peuples. Mais, qui a dissout les partis politiques ? Qui musèle la presse, comprime les droits et libertés des citoyens ? Qui a jeté en prison des activistes comme Tchangari pour des accusations évasives et infondées de troubles à l'ordre public ?
Aucun des pays montrés du doigt par Tiani, mais, lui-même et la junte qu'il dirige d'une main de fer.
Aussi, dans une tentative désespérée de reconquête des cœurs, Tiani saupoudrera son discours de références religieuses.
On l’entendra sans doute répéter, la voix grave :
• « Allahou Soubhanahou wa Ta’ala… »
• « Insha Allahou… »
• « Bi idhni Allah… »
Mais ces paroles ne trompent plus. Celui qui gouverne par le bâton se souvient de Dieu uniquement lorsqu’il a peur de perdre le pouvoir.
on sait qu’il se réfère plus volontiers aux marabouts de cour, aux féticheurs, aux talismans, aux consultations occultes, qu’au Coran.
Sa pratique religieuse est faite, de sacrifices nocturnes, de récitations codées, de retraites mystiques en brousse, bien loin de la foi musulmane qu’il convoque devant les caméras.
Sa foi est de façade. Sa religiosité est stratégique. Son invocation d’Allah est une manœuvre.
Une cascade de défaites militaires majeures
Les événements d'Eknewen ont frappé les esprits et éveillé de nombreuses consciences à propos du drame que vit le Niger depuis qu'une junte preside aux destinées du pays.
Le 24 mai 2025, des éléments armés réputés proches de l'Etat islamique au grand sahara ( EIGS), ont attaqué la base militaire avancée de Eknewen, Tillia, dans la région de Tahoua, après avoir lancé un ultimatum, aux autorités nationales.
Bilan officieux : 58 soldats tués, des véhicules détruits, des armes lourdes emportées.
A peine, 48h, plus tard, le 26 mai 2025, une nouvelle attaque de l'autre groupe terroriste, le JNIM a frappé Boumba-Falmey, zone frontalière, le long du fleuve, dans la région de Dosso. Au moins 53 soldats nigeriens ont perdu la vie . De source militaire, c'est une catastrophe. L'Etat n'a encore fait aucun commentaire, réfugié dans un silence aussi lourd que l'énormité des pertes enregistrées.
Le Général Tiani est cloîtré entre quatre murs, entouré de la garde présidentielle , à Niamey, à des années-lumières de ses troupes engagées dans une course contre la mort, confrontées à la fureur djihadiste et aux dangers d'une guerre asymétrique.
Sa première réaction officielle intervient une semaine après des tragédies nationales. Le médecin, après la mort.
Une adresse, pré-enregistrée : posture ou imposture ?
Il ne faut pas s'attendre à un moment d'humilité et de vérité de la part du Général Tiani, incapable d"autocritique et de mea culpa”. Il n'y aura pas de reconnaissance des ratés et échecs, ni de compassion publique envisagée. Tel un écolier, il fera sa récitation récapitulative d'éléments de langage qui, depuis les premières heures du coup d'Etat, sont les mêmes, invariables et quasi-obsessionnels. La politique désuette des boucs-émissaires.
Le discours devrait pour la énième fois, reposer sur une rhétorique victimaire et paranoïaque. Le Niger, à en croire, un officier étourdi, serait assiégé de toutes parts par des forces obscures qui tenteraient de le renverser.
Cette posture, autrefois, impopulaire, apparaît aujourd'hui truffée de contradictions :
- D'un côté, l'occident est soupconné de visées impérialistes, de l'autre, le souverainisme recherché et clamé, n'est qu'un alibi pour prendre le pouvoir par les armes et régner sans partage
- Tiani, prétend " libérer" son pays en l'asujetissant à lui, en faisant de son territoire une prison à ciel ouvert sinon un vaste cimetière
- Des voisins sont jugés appartenir à un réseau de comploteurs alors que les menaces viennent de l'intérieur du pays, même avec des groupes armés terroristes déchaînés
La souveraineté est un concept vide et creux qui sert de base à la nature autoritaire et improductive du pouvoir.
Le Général Tiani reviendra sûrement sur les accusations portées contre des Etats qui, selon lui, poseraient des actes hostiles. En Décembre 2024, il avait déjà affirmé que la France finançait des bases militaires au Nigeria pour soutenir des groupes armés contre le Niger. Des déclarations, bien entendu, étayées d'aucune preuve ni soutenues par aucun fait encore moins conformes à la réalité.
Des accusations dont l'objectif est clair : masquer le désastre sécuritaire, détourner l'attention des failles dans l'Etat et de la désillusion manifeste des populations.
L'opposition politique ne sera pas épargnée, non plus, criminalisée, par la junte. Elle sera accablée de " complots", de " trahisons", ou fustigée pour des tentatives présumées de déstabilisation.
Tout semble bon pour justifier la répression, les arrestations d'opposants, bref la charpe de plomb qui s'abat, impitoyablement sur tout le pays.
L'ultime objectif est de répandre la terreur, d'instaurer staurer un système d'intimidation afin de tuer dans l'œuf toute velléité de contestation et de soulèvement. La loi de l'omerta.
Le discours de Tiani n'aura pour seul mérite que de confirmer ce que tous les Nigeriens savent dores et déjà :
- Que le pouvoir est liquéfié, tétanisé, en perte de vitesse et en mal de repères
- Que les soldats tués au front n'ont pas droit à une forte reconnaissance, ni à des obsèques solennelles
- Que l'économie est exsangue : pouvoir d'achat érodé , sinistrose sociale
- crise diplomatique caractérisée par un isolement du pays et la défection de partenaires les plus obstinés.
- Désaffection du régime y compris chez les jeunes qui sont passés de l'euphorie révolutionnaire à la gueule de bois tyrannique.
-Aboudrahmane Tiani, haussera encore le ton dans ses vociférations hystériques. Mais, il n'osera pas dire la vérité insupportable à son peuple au risque de se faire hara kiri. Il n'avouera pas ses faiblesses ni ne s'inclinera devant ses erreurs monumentales.
Les faits, eux, parlent, d'eux-mêmes.
Un chef d'Etat affronte les crises, un dictateur se voile la face.
Les échecs, militaires, économiques, diplomatiques , s'accumulent. Tiani crie fort pour affirmer une autorité inexistante et prêcher dans le désert.
Les Nigeriens ne sont plus dupes. Ils voient les marchés vides, les écoles fermées, les villages attaqués. Ils ne sont plus sensibles aux vaines promesses et aux fausses espérances.
Tiani, peut accuser le monde entier et se trouver des coupables de tous les malheurs qu'il cause, mais, il ne peut réécrire l'histoire ni cacher le soleil avec la main : il a échoué et ne se relèvera jamais de toutes ses trahisons.
Samir Moussa
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