
Actualités Brûlantes du Sahel
June 5, 2025 at 07:04 PM
Mali:
La base stratégique de Mahou est tombé: l’effondrement du Sud malien ouvre un couloir vers la Côte d’Ivoire.
Le Mali s’enfonce dans une spirale de chaos. Ce jeudi 5 juin 2025, le camp militaire de Mahou, verrou stratégique de la région de Sikasso, à quelques encablures de la frontière ivoirienne, est tombé à l’aube sous les assauts fulgurants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Cette déroute, aussi rapide qu’humiliante, marque un tournant dans l’expansion djihadiste au Mali et ouvre un couloir menaçant directement la Côte d’Ivoire. Le Sud, jusque-là sanctuaire relatif, n’est plus à l’abri. Bamako tremble. Abidjan est en alerte.
La chute de Mahou : un séisme militaire.
À l’aube du 5 juin 2025, le camp de Mahou, situé dans la région agricole clé de Sikasso, a été submergé par une attaque éclair du JNIM. En moins d’une heure, les forces maliennes (FAMa) ont capitulé sans opposer de résistance significative. Comme à Boulkessi, les assaillants ont ouvert un corridor d’évacuation, laissant les soldats fuir, tandis que les rares résistants ont été exécutés sur place. Une vidéo diffusée par le JNIM montre ses combattants paradant dans le camp, inspectant un arsenal impressionnant de matériel militaire saisi: véhicules, armes, munitions. Le message est limpide: le Sud malien n’est plus un rempart.
Cette attaque s’inscrit dans une série d’offensives audacieuses du JNIM, qui a déjà frappé Dioura, Boulkessi, Tessit, Tombouctou, Koulikoro, Ansongo et Sirakola. Loin d’être un incident isolé, la chute de Mahou confirme l’expansion méthodique du groupe, désormais capable de frapper au cœur du sud, à proximité de Bamako. Ce revers expose une vérité brutale : le Mali, fragilisé par des années de crises, perd pied face à une menace djihadiste plus organisée et ambitieuse que jamais.
Mahou, un verrou stratégique du Sud malien.
Une position géographique cruciale
Niché à quelques dizaines de kilomètres des frontières ivoirienne et burkinabè, Mahou était un poste avancé essentiel pour surveiller les corridors transfrontaliers, véritables artères des trafics illicites–armes, drogue, or – et des mouvements de groupes armés. Sa chute fracture la zone tampon entre le sud malien, relativement stable, et le centre-nord, en proie à l’insurrection depuis une décennie. La proximité avec le Burkina Faso, où le JNIM a multiplié les attaques en mai 2025 (Djibo, Solé), accentue l’urgence d’une coopération régionale. Mais les tensions diplomatiques, marquées par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, compliquent toute réponse coordonnée.
Rempart du grenier malien.
Sikasso, poumon agricole du Mali, est vitale pour la sécurité alimentaire du pays. La base militaire de Mahou jouait un rôle de bouclier, protégeant cette région densément peuplée des incursions djihadistes. Sa perte expose des villes comme Sikasso, Koutiala, et même Bamako à une insécurité croissante, menaçant les circuits d’approvisionnement essentiels à la survie du pays.
Une base logistique clé.
Garnison pour des unités d’infanterie légère et motorisée, Mahou servait aussi de nœud logistique pour le ravitaillement en vivres, carburant et munitions, ainsi que pour la réorganisation des troupes après des combats dans le centre (Ségou, Mopti, San). La saisie par le JNIM d’un arsenal conséquent, comme montré dans leurs vidéos de propagande, renforce leur puissance de feu, déjà alimentée par des captures similaires à Boulkessi et Tessit.
Une vulnérabilité structurelle .
La déroute de Mahou révèle les failles béantes des FAMa : manque de motivation, formation inadéquate, logistique défaillante. La rapidité de l’attaque, couplée à l’absence de résistance, reflète une crise profonde au sein de l’armée malienne, incapable de contrer la planification minutieuse du JNIM, déjà démontrée à Tombouctou (attaque au centre-ville) et Boulkessi (plus de 100 morts revendiqués).
Une attaque éclair, une débandade militaire.
L’assaut sur Mahou a été d’une précision chirurgicale. En moins d’une heure, le camp est tombé. Selon des témoignages locaux, la majorité des soldats ont fui sans combattre, profitant du couloir d’évacuation laissé par le JNIM, une tactique déjà utilisée à Boulkessi pour briser le moral des troupes. Les rares défenseurs ont été massacrés sur place. Une vidéo publiée par le JNIM montre ses combattants arpentant le camp, inspectant méthodiquement les prises de guerre : véhicules blindés, armes automatiques, stocks de munitions. Cette mise en scène, savamment orchestrée, sert un double objectif : galvaniser leurs rangs et démoraliser l’adversaire.
Mahou n’est qu’un nom de plus sur une liste macabre : Dioura, Boulkessi, Tessit, Tombouctou, Koulikoro, Ansongo, Sirakola. Le Sud, longtemps perçu comme un sanctuaire, est désormais à découvert.
Le JNIM a également diffusé une vidéo tournée à Tessit, pour réfuter les dénégations officielles et prouver qu’ils contrôlent bel et bien cette base stratégique. On y voit leurs combattants se promener librement et victorieusement dans le camp, inspectant les lieux et passant en revue les importants matériels abandonnés par l’armée malienne, alors même que les autorités militaires maliennes avaient nié publiquement la perte du site.
Mahou, clé de voûte du Sud : un vide sécuritaire béant.
Le camp de Mahou était bien plus qu’une simple garnison. Il constituait un verrou stratégique sur les axes menant à Koutiala, Sikasso et Bamako, une base arrière pour les opérations dans le centre, et un rempart contre les infiltrations vers la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée. Sa chute ouvre un couloir direct vers la région des savanes ivoiriennes, déjà fragilisée par des attaques à Kafolo, Kong et Tengréla. La Côte d’Ivoire, qui a jusqu’ici contenu les incursions djihadistes au prix d’un effort militaire colossal, se retrouve désormais en première ligne et doit redoubler de vigilance.
La stratégie implacable du JNIM : encercler Bamako, menacer la sous-région.
Le JNIM ne se contente plus de harceler. Il conquiert, méthodiquement. Depuis des mois, le groupe multiplie les coups d’éclat :
• Tombouctou, ville symbole, frappée en son cœur ;
• Koulikoro, camp militaire à 60 km de Bamako, attaqué en mai 2025 ;
• Bamako, touchée le 4 juin par un engin explosif dans un camp de formation à Mamaribougou dans les faubourgs de la capitale.
Parallèlement, le JNIM excelle dans la guerre psychologique. Ses vidéos, montrant des bases capturées, des arsenaux saisis et un otage turc enlevé dans une zone minière près de la frontière guinéenne, distillent un message clair : aucun sanctuaire n’est intouchable. Aucune frontière n’est étanche.
Bamako frappée, un otage turc: l’escalade jihadiste .
Le 1er juin 2025, un fourgon blindé transportant des fonds pour les banques de Kati a été attaqué dans les faubourgs de Bamako. L’opération, menée avec une coordination militaire redoutable, a coûté la vie à au moins un convoyeur. Le JNIM, revendiquant l’attaque, exhibe dans une vidéo des liasses de billets totalisant selon une source bien informée, environ trois milliards de FCFA. Cette audace, à quelques kilomètres de la capitale, marque une nouvelle étape dans l’expansion des capacités opérationnelles du groupe.
Dans la foulée, le JNIM a annoncé la capture d’un otage turc, un civil travaillant dans une zone minière du sud-ouest, près de la frontière guinéenne. Dans un communiqué, le groupe désigne explicitement la Russie, la Turquie et la Chine comme cibles, accusées de soutenir les juntes militaires au pouvoir. Cette stratégie, mêlant prises d’otages, sabotage économique et propagande, vise à déstabiliser les partenaires internationaux du Mali et à semer la peur dans les zones d’activité minière, un secteur clé pour l’économie régionale.
Toujours ce jeudi 5 juin 2025, une nouvelle attaque a visé l’usine JB à Kirikrou Sibi, localité située à environ 50 km au sud-ouest de Bamako, sur la route nationale 5 menant à la Guinée. Des groupes armés, très nombreux selon les témoins, ont dévasté l’ensemble du site industriel : véhicules incendiés, camions et machines détruits, bureaux et ateliers saccagés. L’attaque, particulièrement violente, a plongé la population locale dans la stupeur. Plusieurs employés sont portés disparus, dont un travailleur de nationalité arabe dont la présence sur le chantier a été confirmée peu avant l’assaut.
Le directeur général de la société, Abdoul Aziz Dia, a publié un tweet confirmant l’attaque et dénonçant la gravité de la situation. Parallèlement, plusieurs vidéos filmées par des témoins circulent sur les réseaux sociaux, montrant l’étendue des dégâts et la panique sur le site. Cette attaque, aux portes mêmes de la capitale, démontre une nouvelle fois la capacité d’infiltration et de nuisance des groupes jihadistes dans le sud du Mali, jusque dans des zones supposées sous contrôle de l’État. Le spectre de l’extension de la menace sécuritaire se précise dangereusement. Que Dieu protège le Mali et son peuple.
Côte d’Ivoire: la fin du sursis ?
Jusqu’à récemment, la Côte d’Ivoire avait réussi à contenir les incursions jihadistes dans ses régions septentrionales. Mais la chute de Mahou change la donne. La barrière militaire malienne au sud s’est effondrée, exposant un flanc vulnérable. Les signaux d’alerte s’accumulent :
• Intensification des trafics d’armes et d’hommes entre la Guinée, le Mali et la Côte d’Ivoire ;
• Présence de cellules dormantes dans les zones frontalières forestières ;
• Menace directe sur les régions de Kafolo, Kong et Tengréla.
Sikasso est à découvert. Koutiala est fragile. Bamako est à portée. Abidjan doit désormais se préparer à un front jihadiste qui se rapproche inexorablement.
La chute de Mahou n’est pas qu’une défaite militaire. C’est l’effondrement d’un mythe : celui d’un Sud malien préservé. Le JNIM ne se contente plus d’étendre son emprise ; il redessine la carte sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest. En s’emparant de bases, d’arsenaux, de milliards de FCFA et d’otages internationaux, il impose une logique d’annexion progressive. Ses vidéos de propagande ne sont pas seulement des outils de communication : elles sont des déclarations de souveraineté.
Le Mali, isolé diplomatiquement et affaibli militairement, ne peut plus faire face seul. La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée et toute la sous-région ouest-africaine doivent sortir du déni. Le JNIM ne cherche plus à perturber l’ordre : il veut le remplacer. L’enjeu dépasse désormais les frontières maliennes. Il est régional. Il est urgent.
Samir Moussa
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