
Actualités Brûlantes du Sahel
June 6, 2025 at 11:58 AM
Niger
Des galons de la honte et de l'indécence :
Quand le festin du gratin accélère la décadence de l'armée et prive le peuple de sa pitance !
Dans un Niger , en voie de disparition, ensanglanté par les attaques djihadistes , confronté à une crise économique et sociale terrible, le Général Tiani, chef d'Etat du pays, par défaut et effraction, continue de faire mine que tout va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Alors, pourquoi ne se ferait-il pas plaisir, tout en flattant l'ego d'autres, en distribuant des galons qui ne semblent plus voués à récompenser un mérite ou à sanctionner un parcours académique brillant, mais sont faits maintenant pour des amis et proches, associés à l'exercice d'un pouvoir frauduleux et scandaleux. On ne se contente plus de l'accaparement éhonté et attentatoire du pays, on se voit, dans une poussée de mégalomanie, sur le toit de l'armée , avec une accumulation de grades et de distinctions ronflants. Un appétit arrivé au pire moment, celui où les troupes sont décimées. C'est comme si certains étaient appelés à mourir sur le champ de bataille, les armes à la main tandis que d'autres , des officiers, ayant déserté le front, avides d'honneurs et de privilèges, devraient s'auto-congratuler, s’auto-satisfaire.
Le paradis pour les uns, l'enfer pour les autres. La junte ne s'interdit plus rien et n'en finit pas de se complaire dans le cynisme et la béatitude.
Cependant, les " galonnés" , de petite vertu, ne peuvent peut-être se cacher derrière leurs petits doigts. Les récentes attaques d'Eknewen et de Falmey rappellent, douloureusement, les tragédies de Chinagodar ( 89 morts, en 2020), d'Inatès ( 71 morts en 2019). Chaque fois, les forces de défense et de sécurité ont été durement frappées et plongées dans un immense deuil.
Des soldats , engagés et mobilisés pour la défense de la patrie, sont tués aux combats pendant que le Général Tiani et ses compères se tournent le pouce, se prélassent dans leurs fauteuils moelleux, indifférents aux massacres des soldats, sourds à tous les appels , provenant d'eux ou d'autres citoyens dans la détresse. Face à une nation en lambeaux, à une armée vidée de son sang, les putchistes se montrent froids et stoïques, habités par une insouciance criminelle et un sentiment vaniteux d'invulnérabilité.
Tiani et sa bande armée, n'éprouvent pas de sympathie ni ne manifestent leur solidarité envers leurs martyrs. Personne, à l'escadrille de Niamey pour accueillir les dépouilles des victimes rapatriées de Dosso.
En revanche, le 30 mai 2025, des officiers pantoufoulards ont été, gracieusement, élevés à des grades supérieurs, parce que le prince Tiani l'a voulu, ainsi, sans doute, eux aussi, l'ont réclamé. La junte, c'est une affaire de copains et de coquins. Un écran de fumée qui ne peut faire oublier cependant les souffrances incommensurables des familles des soldats morts pour la patrie ni distraire de la grogne sourde dans les casernes.
Les étoiles distribuées à partir de Niamey, dans le confort et la tranquillité de bureaux et salons climatisés ne confèrent pas d'honneurs ni gloire, automatiquement, surtout que les promotions arbitraires sont imbibées du sang de soldats sacrifiés sur l'autel de l'incompétence au sommet de l'Etat, de la médiocrité , de l'inconscience et de l'inconsistance d'un état-major militaire embourgeoisé et affranchi.des serments. Tiani et consorts sont portés sur les transgressions et les forfaitures ainsi que les foutaises.
C'est le 2 juin 2025 dernier que le Général Tiani a signé son décret incongru et controversé qui fait bondir l'armée et l'opinion , car un acte de récompense à des bureaucrates militaires, inutiles et retors.
- Salifou Modi, promu Général d'armée . Un grade aussi prestigieux qu'immérité.
- Salaou Barmo, nommé Général de division, malgré un bilan militaire chaotique.
- Ibro et Boulama, catapultés, généraux de brigade, sans faits d'armes notables.
- Toumba, hissé Général de division, alors que sur les différents théâtres de guerre, les troupes broient du noir et courent à la mort
Toutes ces palmes militaires , qualifiées par les observateurs ", d'œuvres de charité" et d'actes de complaisance , sont un pied de nez aux officiers subalternes qui, sur le terrain, luttent avec des moyens de fortune : munitions rares, véhicules, hors d'usage, rations insuffisantes, , soldes en retard ou impayées.
Les généraux, parés des oripeaux du pouvoir, agglutinés à Niamey , sont lancés dans la course aux grades et à l'enrichissement illicite.
Une situation, d'autant révoltante que 294 personnes dont de nombreux soldats ont péri dans des attaques terroristes en mai 2025.
Mutinerie à Termit, grogne dans les casernes ; l'armée assise sur une poudrière
L'armée est menacée, d'implosion. La mutinerie, à la garnison de Termit, déclenchée le 8 mai 2025, témoigne de l'état de déconfiture des FDS. Située à 1500km de Niamey, cette base isolée est le symbole accablant du triste sort réservé aux soldats par une junte, repliée sur elle-même, soucieuse que de ses seuls intérêts. Les militaires se sont soulevés contre la précarité et le dénuement: sous-équipements, malnutrition, arriérés de salaires...
Le commandant de la garnison a été mis aux arrêts mais aucune solution n'a encore été trouvée aux revendications. Le statu quo laisse craindre un effet de contagion car d'autres unités en ont gros aussi sur le cœur. Dans toutes les casernes, les soldats qui devraient mieux que quiconque ressentir les effets bénéfiques de la " refondation " promise, car en sont les pilliers, se sentent trahis, abusés et exploités.
Les drames d'Eknewen et de Falmey causés par les groupes armés terroristes comme le JNIM et l'Etat islamique au grand sahel( EIGS), ont révélé des failles béantes dans la chaîne de commandement, exacerbées par l'apathie et les incuries de Tiani et de ses généraux, fabriqués, par lui, de toutes pièces.
Des actes de sabotage délibérés de l'économie
L’interdiction temporaire d'exportation de bétail annoncée en mai 2025 qui serait motivée par une volonté politique de stabiliser les prix sur le marché, avant l'aid-al adha, est une mesure à la fois, inopportune, inique que très impopulaire. Le bétail, représentait, 60 à 70 % des revenus agricoles d'exportation du Niger. Une bouffée d'oxygène pour les éleveurs et commerçants qui prennent en charge environ 11 % de la population. En empêchant les exportations vers des débouchés lucratifs comme le Nigeria qui absorbe 97% des volumes, la junte prive des millions de familles de revenus substantiels . On prétend privilégier la consommation locale et préserver aussi le pouvoir d'achat, en réalité, on accentue les besoins dans un pays où l'inflation et l'insécurité affectent déjà le panier de la ménagère.
L'impact d'une décision irréfléchie sur les commerçants et les populations rurales est pernicieux. La mesure d'interdiction n'a pas permis aux éleveurs de profiter de la forte demande régionale pour l'Aid, période à laquelle les prix du bétail atteignent des sommets. Par exemple, un mouton vendu au Nigeria pourrait rapporter jusqu'à 50 % de plus qu'au Niger. La perte de revenus subie par de nombreux négociants a plongé la plupart d'entre eux dans une forte dépression, en particulier, ceux ayant déboursé leurs maigres économies pour acheter du bétail en vue de le revendre pendant la traite pour engranger quelques bénéfices.
Les populations rurales qui tirent de l'élevage leurs moyens de subsistance, de cause à effet, ont vu leurs avoirs fondre. Avec 80 % de Nigeriens, vivant en milieu rural, les restrictions du gouvernement touchant cette frange importante de la population, se révèlent assassines. En effet, les ressources étant reduites, l'accès à la nourriture, aux médicaments, la scolarisation des enfants sont pénalisés.
En outre, le Niger risque de perdre sa position dominante sur le marché ouest-africain du bétail au profit du Mali et du Burkina qui n'ont pas interdit, eux, l'exportation de leur bétail en cette année 2025. Ce qui pourrait toucher à la compétitivité du Niger et nuire à
sa balance commerciale pour longtemps.
Une dérogation suspecte sur fond de corruption et de favoritisme
La dérogation accordée pour l'exportation de 19 camions de bétail vers le Burkina Faso, justifiée par un prétendu " esprit de solidarité" avec l'alliance des Etats du Sahel ( AES), éveille des soupçons de corruption. Le Burkina Faso et le Mali, eux-mêmes, sont grands pourvoyeurs de bétail en direction de la côte d'Ivoire et du Sénégal. Ils n'ont jamais eu besoin d'importer du Niger pour satisfaire leurs populations. De sources fiables indiquent que les camions autorisés, sous la supervision du colonel Ibro, sont destinés à la côte d'Ivoire où les prix sont plus élevés. Les bénéficiaires de la dérogation sont des hommes d'affaires étrangers liés à la junte, également, impliqués dans des trafics présumés de carburant et d'or avec Ibro . Ce qui laisse apparaître un système mafieux fondé sur le favoritisme et la collusion d'intérêts entre décideurs voraces et opérateurs véreux.
La junte renvoie l'image d'un régime qui privilégie ses partenaires et alliés au reste de la classe économique nigérienne , lésée dans ses activités et spoliée dans ses revenus.
Une politique d'interdictions tous azimuts : l'exemple typique des céréales
Depuis octobre 2024 , la junte a proscrit l'exportation des céréales ( mil, Sorgho, mais, niébé). Un acte qui a occasioné une saignée financière pour les paysans. Ces produits, essentiels, pour les marchés régionaux, représentaient une source de recettes pour des millions de Nigeriens. Les conséquences sont incalculables et dévastatrices comme la chute drastique des revenus agricoles. Les paysans, ne pouvant plus rien écouler sur un marché porteur comme le Nigeria accumulent les stocks d'invendus, entraînant, une baisse importante des prix locaux. Le manque à gagner se chiffre à des milliards de fca.
Bien que, la sécurité alimentaire soit invoquée, paradoxalement, c'est le contraire de l'effet escompté qui se produit. La décision d'autarcie, a limité la capacité des agriculteurs à investir dans les prochaines saisons agricoles. Du coup, la production va diminuer dans le futur, proche. Déjà, le phénomène des déplacements forcés est un handicap et un frein dans la chaîne de rendement. 4, 2 millions de déplacés forcés , en 2025, dans le Sahel , sont menacés de famine.
Les efforts de diversification de l'économie sont aussi compromis au moment où le Niger cherche à réduire sa dépendance de l'uranium. En 2024 , les exportations agricoles non minérales , y compris, le bétail représentaient une part significative dans la balance commerciale.
Les secteurs qui souffrent le plus de la stratégie aveugle de nationalisme économique sont :
- Le bétail : pertes estimées des revenus d'exportation dans l'ordre de 65 %
- céréales ( mil, Sorgho, mais), manque à gagner par rapport aux revenus habituels d'exportation, dans la fourchette des 50%
Comme il est loisbble de le constater, les interdictions d'exportation imposées par la junte dans un abus de pouvoir sont un éteignoir pour l'économie et un calvaire pour les populations rurales.
Le pouvoir Kaki de Tiani, loin de faire le bonheur des Nigeriens et la prospérité du Niger, est un long purgatoire subi, au quotidien, par la majorité silencieuse et les acteurs économiques majeurs de l'économie nationale. Une oligarchie militaro-civile , corrompue et mercantiliste, creuse la tombe de tous pendant qu'elle même se suicide. Le Niger, survivra-t-il à des prévaricateurs et prédateurs, habillés en treillis et dans la peau de satan ?
Samir Moussa

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