
Actualités Brûlantes du Sahel
June 19, 2025 at 03:04 AM
Burkina Faso
Les envolées lyriques du capitaine Traorè, père Noël burkinabé
Le capitaine Ibrahim Traorè est avare d'actes et friand de promesses sans lendemain et vides de sens. Depuis qu'il a pris les rênes du pouvoir, en surfant sur une vague populiste, il s'est auto-proclamé, rédempteur et homme providentiel, voué à libérer la nation burkinabé de tous ses malheurs. Le missi dominici national ne brille pas par des états de service élogieux mais peut se consoler et glorifier d'être champion toutes catégories du verbiage, intarissable de mots, incapable d'honorer ses nombreux engagements.
Des discours fleuve et monotones, avec des accents de bravade, des slogans pompeux et belliqueux, des promesses grandiloquentes, tel est le menu servi au quotidien à tout le peuple burkinabé.
A l'heure du bilan, il est regrettable de constater que le chef d'orchestre d'une révolution théâtrale et cosmétique est un mauvais metteur en scène et piètre acteur. L'opinion, lasse des effets d'annonces et de manches, attend toujours de voir le premier acte salvateur .
Tout a commencé par une tirade culte, digne d'un blockbuster hollywoodien : “Le terrorisme ? Fini, en six mois ! Une simple question de logistique et de valeur humaine”. Six mois plus tard, les groupes armés, visiblement, peu ébranlés par la menace proférée, ont intensifié leurs attaques. Débouté, le zorro national, a encore lancé un nouveau mot d'ordre afin de sauver la face :" La guerre ? Elle n'a même pas encore commencé”. Puis, tel dans un cirque, les numéros ont été enchaînés pour les besoins du divertissement d'Etat : " La guerre est à son introduction", " c'est une guerre de haute intensité ".
Enfin, le clou du spectacle gratuit : " La guerre est en développement ". Un vocabulaire digne d'un roman fiction et d'un feuilleton à multiples rebondissements. Qu'en est-il de la réalité sur le terrain, l'envers du décor ? Les larmes et le sang, coulent à flots dans une vaste campagne d'extermination de populations innocentes et désarmées.
Les djihadistes gagnent du terrain, l'insécurité bat son plein, le peuple Burkina enserré dans l'étau terroriste et livré aux exactions de tous ordres de l'Etat est le dindon de la farce tragique. Un scénario catastrophe écrit en lettres de feu et de sang par des putschistes égarés et djihadistes déchaînés et subi par des citoyens devenus spectateurs de leur destin.
Le 9 juin 2025, le capitaine, jamais à court de petites formules, a lancé une nouvelle pépite : " L'exploitation des ressources n'a pas encore commencé ". Humour noir ou tentation de nihilisme ?
Le Burkina, l'un des plus gros producteurs d'or d'Afrique, aurait attendu tout ce temps, blotti dans ses ressources, que le seigneur IB accorde son visa pour briller sur le marché ? On imagine les lingots d'or, tapis dans l'ombre, murmurant : " sans IB, aucune transaction n'est possible. Prière de l'attendre avec patience , discipline et révérence”.
La vérité, bien moins romantique, c'est que cette richesse, exploitée depuis des lustres, est happée par un système opaque caractérisé par des circuits sinueux et douteux et des intérêts qui sont aux antipodes de ceux du peuple.
Le Burkina, dépourvu de technologies et d'infrastructures, devrait-il s'inventer une mine 2.0, en claquant des doigts ? Exit, les partenaires occidentaux stigmatisés sous le couvert du souverainisme de nigauds. Déshabiller Pierre pour habiller Paul ou se détourner de Paris pour se retrouver dans les bras de Moscou, constiue vraiment un acte de bravoure ? Passer d'un maître à un autre, que y-a-t-il de glorieux et de héroïque à cela ? Peut-être que le ton peut changer, la méthode aussi, mais la condition de servitude ne change pas.
Que dire des projets pharaoniques , annoncés avec tambours et trompettes ?
Une raffinerie nationale pour un pays sans pétrole ni port pour en importer, c'est comme construire un pont la où il n'y a pas de fleuve. Un centre commercial de 35 étages, promis , dans un horizon incertain : " dans deux ans" , hypothétiques. Deux années écoulées, aucune trace ni ombre de l'édifice annoncé .
Le capitaine Ibrahim Traorè est un rêveur impénitent, qui sait bâtir des châteaux en Espagne et combler de chimères.
Les Burkinabé, eux, ont des aspirations pareilles à celles de tous les peuples : la sécurité, l'éducation, la santé garanties pour chacun et à la portée de tous.
Le capitaine ne peut faire face à ces besoins primaires mais voudrait décrocher la lune au-dessus de sa tête, qu'il ne peut toucher de sa main .
Cerise sur le gâteau, lors d'un récent déplacement dans le centre-sud , le capitaine a créé un véritable coup de théâtre en révélant la cause, à ses yeux, des massacres perpétrés au Burkina. Ce n'est pas une stratégie militaire boiteuse. Ce n'est pas le manque de moyens et d'équipements militaires ni la désertion des troupes. Ce sont les téléphones portables des soldats qui sont la source de toutes les déconvenues et des saignées. Ce n'est pas une boutade ou une hallucination. Le capitaine Ibrahim Traorè désigne les smartphones comme ennemi public no1. Le génie militaire et stratège éclairé comme personne, explique à des soldats médusés que ceux-ci auraient les yeux trop rivés sur leurs écrans qui serviraient de ...balises lumineuses aux espiègles terroristes. " Les djihadistes nous repèrent grâce à la lumière des smartphones ", lance-t-il. Ce sont les terroristes, capturés qui auraient fait cette troublante révélation. Un récit cousu de fil blanc qui laisse perplexe et interoge à propos des facultés mentales du capitaine Ibrahim Traorè qui alterne dénégations et affabulations. La panacée ?
Radier tout soldat surpris avec son téléphone portable. Une idée lumineuse. Alors que les ennemis s'arment et explorent tous les moyens et toutes les innovations dans le domaine de la communication pour mener à bien leurs opérations, les forces armées burkinabé sont interdites d'accès à...whatsapp, sont censurées dans leurs échanges.
IB, ovni politique et militaire ? Ce qui est sûr et certain, il n'arrête pas de faire le bouffon et de se donner en spectacle à la face du monde. Un tragi-comédien qui joue avec son peuple et infantilise son armée. Il confond l'art de gouverner avec la vocation de clown. Il recherche une légitimité impossible dans les bains de foule prémédités et commandités. Il parle haut et fort dans une rhétorique insipide mais ne convainc pas par sa dialectique ni ses diatribes. Il promet tout mais n'accomplit jamais rien. L'heure des incantations est révolue. Le bilan sonne comme un fiasco.
Le Burkina mérite mieux qu'un capitaine, brasseur de vents. Il mérite un homme d'Etat qui lui fera oublier l'acteur qu'il subit aujourd'hui.
Samir Moussa

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