
Actualités Brûlantes du Sahel
June 19, 2025 at 11:41 PM
NIGER:
Banibangou: 34 morts, 16 blessés, des armes pillées – pendant que la junte festoie.
Jeudi 19 juin 2025 – Banibangou est tombé. Selon un bilan provisoire, trente-quatre soldats nigériens sont morts. Seize autres sont grièvement blessés. Des stocks entiers d’armes, de munitions, de motos, de radios et d’équipements tactiques sont partis entre les mains de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). La préfecture brûle. Les positions militaires sont en ruines. Le silence de la junte est assourdissant. L’indifférence du pouvoir est criminelle.
Pendant que les cadavres refroidissaient à Banibangou, la machine de propagande de Niamey s’activait déjà pour noyer l’horreur sous les mots creux. Aucune annonce officielle. Aucune indignation présidentielle. Pas de deuil national. Pas même une minute de silence. Et pour cause: la junte préfère la musique des salons dorés à celle des balles qui fauchent ses soldats.
Des alertes ignorées, des morts assumés.
Ce massacre n’est pas une surprise. Il est le résultat direct d’un aveuglement volontaire. Depuis des jours, les populations lançaient l’alerte. Des témoins signalaient les mouvements suspects autour de Banibangou. Rien. Pas un drone. Pas un renfort. Pas un ordre de repli stratégique. Le commandement militaire a laissé faire.
À 8h50, les jihadistes ont frappé. À 10h30, ils étaient déjà repartis vers le Mali, sans être inquiétés. Ils ont laissé derrière eux des soldats démembrés, des bâtiments calcinés, un pays humilié. Encore une fois.
Une junte affairiste et insouciante, des soldats sacrifiés.
Trente-quatre jeunes nigériens sont morts pour rien. Pas pour une cause. Pas pour défendre la patrie. Pour protéger un régime qui les envoie au front sans soutien, sans stratégie, sans logistique, et sans respect.
Ce sont toujours les mêmes qui paient. Les pauvres. Les enfants de paysans. Les jeunes sans avenir, happés par la misère, enrôlés dans une armée sans munitions, sans rations, sans air, et sans avenir. Ils tombent un à un, pendant que les généraux paradent, banquettent, voyagent, promulguent des chartes inutiles, nomment leurs enfants, leurs cousins, leurs frères et leurs amis à des postes militaires et administratifs qu’ils n’ont jamais mérités.
Le lieutenant Kader: un héros trahi par une République pourrie.
Et parmi ces morts, il y'avait le lieutenant Kader. Un nom. Un visage. Un soldat digne. Un officier valeureux tombé au combat, pendant qu’il défendait ses hommes et sa position jusqu’à la dernière balle. Nous lui rendons ici un hommage solennel et publions sa photo, pour que jamais son sacrifice ne soit effacé par les lâchetés de ceux qui l’ont abandonné.
Kader est mort en héros, pendant que les enfants de la junte sont bien vivants – dans les résidences des quartiers huppés de Niamey ou à Istanbul, à Dubaï, à Paris ou à Abidjan. Ils fréquentent les grandes écoles, ils s’amusent, ils dépensent sans compter l’argent volé au peuple, pendant que les fils des paysans, des petits fonctionnaires, des commerçants de Ouallam ou des éleveurs de Filingué se font égorger au front comme du bétail.
C’est cela, la République militaire du Niger: un système qui envoie mourir les enfants des pauvres pour que les enfants des généraux vivent comme des princes. Un apartheid social en uniforme, un crime silencieux commis par des généraux bouffons.
Un État en putréfaction, une armée sacrifiée.
L’armée nigérienne ne tient plus. Elle est épuisée, trahie, démoralisée. Les avions, les drones sont cloués au sol. Les blindés ne roulent plus. Les officiers valables ont été écartés ou réduits au silence. Et pendant que les soldats crèvent, la junte continue de mentir: elle parle de victoire pendant qu’elle enterre ses hommes dans le silence.
Les cellules de renseignement sont aveugles. Les renforts restent à Ouallam. Les ordres n’arrivent jamais. Les commandants de terrain sont livrés à eux-mêmes. Et les ennemis, eux, avancent. Village après village. Axe après axe. Région après région. Jusqu’où? Jusqu’à Niamey?
Une jeunesse trahie, un pays trahi
Ce pouvoir militaire n’a pas seulement failli: il a trahi. Il a trahi sa mission. Il a trahi ses soldats. Il a trahi la jeunesse nigérienne. Il a trahi le pays.
Les jeunes sont sacrifiés sur l’autel de l’ambition de quelques généraux félons qui ont pris le pouvoir pour se protéger, pas pour protéger la nation. Ces jeunes qui tombent à Banibangou, à Tillia, à Darey-Daye, à Eknewan, sont les martyrs d’une imposture militaire, les victimes d’un pouvoir sans honneur ni stratégie.
Le sang des soldats nigériens coule pour une junte qui n’a ni vision, ni cœur, ni courage.
Banibangou: un nom de plus sur la longue liste de l’abandon .
Ce n’est pas la première fois. Ce ne sera pas la dernière. Mais Banibangou est un tournant. Une ligne de front symbolique. Si rien n’est fait, si l’on continue à gouverner par slogans, à mépriser les alertes, à cacher les bilans et à fuir les responsabilités, c’est tout l’Ouest nigérien qui va tomber. Et après l’Ouest, ce sera Niamey.
Une célèbre expression haoussa dit «c’est toi qui joues ton tambour, c’est toi qui danses» — le pouvoir de la junte nigérienne est refermé sur lui-même, sourd au réel, qui compose sa propre illusion et s’y abandonne.
Car au fond, cette junte joue sa propre musique, bat son propre tambour, et danse seule sur une scène vide, persuadée d’être applaudie.
C’est leur spectacle, leur chorégraphie de façade – pendant que les cercueils s’alignent.
Samir Moussa
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