Actualités Brûlantes du Sahel
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June 20, 2025 at 11:04 AM
Niger Réunion secrète au sommet : quand la junte implore ceux qu’elle a trahis Le Général Tiani, cherche, désespérément, des renforts pour surmonter la montagne de problèmes qui l'étouffe et assaille son régime. C'est ainsi qu'il a convoqué une réunion de crise avec le gotha des anciens dirigeants afin de les engager à ses côtés et surtout profiter de leur expérience éprouvée de l'Etat. Le 12 juin, de midi à 17 h au palais présidentiel, des consultations ont été menées. Le conclave a été passé sous silence pour respecter une consigne de la junte de ne pas ébruiter les entretiens. Mais, comme les murs ont des oreilles, on n'en sait un peu plus sur la mystérieuse rencontre ou une réunion d'urgence à huit clos. Sous l'égide du Général Tiani, himself, une brochette d'anciens chefs d'Etat, premiers ministres, et Présidents de l'assemblée nationale a été conviée au rendez-vous. Officiellement, il s'agissait de trouver une issue à la crise protéiforme que traverse le Niger qui a atteint son paroxysme. Dans le fond, la démarche est un aveu d'échec à peine dissimulé d'une junte militaire en fin de règne et confrontée à un déluge de feu des hordes djihadistes. Une vaine tentative de légitimation Depuis son coup d'Etat incongru de juillet 2023, le Général Tiani s'emploie à marginaliser et détruire la classe politique. Pour ce faire, il a dissous les partis politiques et fait la sourde oreille ignorant tous les appels à la libération du Président renversé, Mohamed Bazoum, à un retour à l'ordre constitutionnel dans le cadre d'une transition apaisée et inclusive. Il est un fervent partisan du bras de fer inutile et des passages en force grotesques. Retour de bâton, la situation du pays s'est dégradée avec l'exercice solitaire du pouvoir et les dérives autoritaires : économie, en chute libre, insécurité galopante, isolement international croissant, grogne intérieure. Alors, le Général, espère trouver des recettes miracles susceptibles de garantir sa survie ainsi que la pérennité de son pouvoir liberticide. Aujourd’hui, on en sait plus sur cette réunion du 12 juin, tenue dans le plus grand secret, et qui visait à impliquer des figures politiques de premier plan à la gestion d'une crise que le Général Tiani , en personne, a qualifiée de " catastrophique ". Le premier à pointer le nez, fut l'ancien Président Issoufou Mahamadou ( 2011-2021). Une présence qui a tout de suite cristalisé les tensions. Le personnage est accusé par beaucoup de ses compatriotes d'être l'architecte du coup d'Etat, celui qui dans l'ombre de Tiani tire les ficelles afin de préserver son influence. Issoufou avait déjà entamé des discussions avec le Général putchiste lorsque les autres invités sont arrivés. La proximité flagrante entre les deux hommes et la relation incestueuse qu'ils entretiennent ont provoqué un tollé et malheureusement furent un facteur de perturbation des débats. Alors que le Général Tiani exposait la situation chaotique du pays en égrenant les menaces sécuritaires, pointant les sanctions régionales, il fut interrompu net par le Général Salou Djibo, ancien chef de la junte qui a dirigé le Niger entre 2010 et 2011. Dans un violent réquisitoire, Djibo a indexé Issoufou, le qualifiant de " plus grand traître " du Niger, responsable de tous les malheurs actuels ". " C'est normal que la situation se dégrade parce que vous vous faites conseiller par cet homme ", a-t-il lancé à Tiani devant une assistance médusée. Malgré les efforts pour faire retomber la tension de la part de l'assistance notamment les anciens Présidents de l'assemblée nationale et premiers ministres, le malaise a persisté. Selon des indiscrétions, Djibo a dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, même si les autres intervenants ont fait preuve de retenue afin de ne pas souffler sur les braises. Un discours officiel tombé en désuétude Après l'incident violent, le Général Tiani a donné la parole au lieutenant-colonel, Souleymane Balla Arabé, patron des renseignements extérieurs ( DGDSE). Rien de nouveau et de très original dans les faits évoqués. Du déjà entendu . Le florège d'accusations habituelles contre le Bénin et le Nigeria ont été reprises, machinalement. Les " ingérences occidentales" ont été encore ressassées. Cette rhétorique usée jusqu'à la corde a vite lassé l'auditoire. L'ancien Président, Mahamane ousmane ( 1993-1996), a interrompu Balla Arabé, dénonçant un " désordre informationnel" qui rappelle les approximations des réseaux sociaux. " un Etat sérieux ne gouverne pas à coups de rumeurs mais sur la base de faits vérifiés dans la discrétion des institutions", a-t-il asséné. Ainsi, l'amateurisme du régime a-t-il été révélé. Seyni oumarou, ancien Président de l'assemblée nationale et ex-premier ministre aussi, a quant à lui, fustigé l'article 12 de la charte de la transition qu'il juge source de tensions dans un pays en quête d'unité et de concorde nationales. Il a également deploré l'isolement diplomatique du Niger. Un regret partagé par tous les participants. Une censure compromettante Un fait mérite d'être souligné car loin d'être anodin : la Radio Télévision publique nigerienne ( RTN), chargée de couvrir les événements officiels, a reçu l'ordre strict de ne pas diffuser d'images encore moins de faire un compte rendu de la réunion de haut niveau. La censure imposée vise à ne pas dévoiler au grand jour les failles criantes du pouvoir militaire. L'échec patent de gouverner seul et de vivre en autarcie ne peut être révélé à l'opinion au risque de provoquer un soulèvement. Forcé de pactiser avec des acteurs qu'il a toisés et méprisés , le régime moribond du Général Tiani fait volte-face en voyant en eux de possibles soutiens et précieux remparts. Ce revirement de situation spectaculaire constitue une cinglante humiliation pour une junte qui a laissé croire qu'à elle seule, revient la lourde charge de conduire les destinées du niger à sa guise et à son rythme. Issoufou Mahamadou ou le pyromanes pompier La participation de Issoufou à une réunion regroupant de nombreuses personnalités nigeriennes, a suscité colère et indignation. L'ancien Président, jugé responsable de la chute de Bazoum, est considéré par une majorité écrasante du peuple nigerien comme le symbole d'un système corrompu et le visage de la continuité au moment où c'est la rupture qui est prônée. Lui qui est le problème ne peut pas faire partie de la solution escomptée. C'est comme le voleur qui crie au voleur. Par ailleurs, la détention injuste, arbitraire et prolongée du Président Mohamed Bazoum participe à l'impasse. C'est une entrave majeure à toute tentative de sortie de crise. Retenu malgré lui et pris en otage par une junte qui en fait son bouclier, Bazoum, est un des points d'achoppement avec la communauté internationale qui fait de sa libération un préalable, une condition sine qua non d'un éventuel assouplissement de sa position. Aussi longtemps qu'il sera séquestré, le Niger peinera à se rabibocher avec la CEDEAO, l'union européenne et tous les autres partenaires. L'affaire Bazoum sous-tend les sanctions économiques qui accentuent les difficultés qui fusent de partout : les salaires qui tombent au compte gouttes, pourraient bientôt n'être perçus qu'un mois sur deux , voire sur trois. A l'issue de la fameuse réunion, aucun plan concret n'a émergé. Tiani, reconnaissant son incapacité à sortir le Niger de l'ornière, a prié chacun de ses hôtes de lui faire parvenir une proposition écrite afin de l'aider à remonter la pente. La requête, loin d'être une ouverture sincère, apparaît comme une tentative de diluer la responsabilité de son échec, d'impliquer ceux-là qu'il avait exclus du pouvoir dans la recherche de solutions aux problèmes créés par lui seul. Comment espérer une issue heureuse à la crise lorsque Tiani et Issoufou qui en sont les responsables sont aussi ceux qui pensent pouvoir y remédier ? En attendant, le Niger touche le fond. La crédibilité du CNSP , s'érode, s'il en reste encore. La rencontre expresse de Tiani avec d'anciens dirigeants révèle l'impuissance et le désarroi au sommet de l'Etat. La libération de Mohamed Bazoum, un dialogue national inclusif, une réforme urgente des institutions pourraient offrir une lueur d'espoir. Pour l'heure, Tiani, prisonnier de ses alliances fragiles et inconséquentes, englué dans ses contradictions et ses impairs, semble condamné à une fuite en avant permanente. La population nigerienne, confrontée à la misère, à l'insécurité et à l'incertitude, mérite mieux qu'un régime obsolète qui refuse la vérité et sombre dans les travers et la tyrannie. Samir Moussa
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